Mardi matin, Orosi. C’est un rituel désormais bien rodé : en cette matinée ensoleillée, je salue mes comparses voyageurs et quitte l’hostel Montaña Linda, cet inattendu havre à deux pas de la capitale encombrée. Je rejoins San José, pour la dernière étape de mon séjour ici, avant de voler vers d’autres cieux.

J’arrive en fin de matinée dans le centre, et je rejoins mon auberge à pied, afin de sentir l’atmosphère de la ville. La cité, à taille humaine, ne semble pas posséder à première vue de charme particulier, mais elle n’en est pas pour autant désagréable. Le bario Escalante, où se trouve la Finca Escalante, mon dernier hostel au Costa Rica, est lui même tout à fait agréable. De belles maisons coloniales bordent des rues où l’on peut admirer quelques fresques de street art. Cafés branchés et bars à bières parsèment le quartier, qui semble à la fois paisible et festif, dans une ambiance « 10ème » un peu bobo.



La Finca Escalante est une magnifique maison coloniale, aux grands volumes aérés. L’accueil est chaleureux, et le gérant m’attend même avec un cadeau : mon permis de conduire, qui a trouvé son chemin depuis Sarapiqui !

Dans le joli jardin, je fais la connaissance de Fabricio, un argentin vivant à Paris, « coincé » à San José par les changements de politique de retour en France (test PCR oblige). Il m’accompagne dans les rues de la capitale jusqu’à l’agence Copa Airlines où je me rends pour changer mon billet d’avion: c’est décidé, après concertation avec Julie et Aurélien, je pars pour le Mexique ! Au guichet, je découvre avec un mélange de honte et d’amusement que mon billet pour le Chili était pour le 29…Décembre…Vu les circonstances rocambolesques dans lequel il avait été acheté, je ne m’en étonne qu’à moitié…L’hôtesse, coopérative, grâce aussi à l’aide précieuse de Fabricio pour l’espagnol, parvient à me trouver un billet pour Mexico à moindre frais, modérant ainsi le coût de mon erreur.
Sur le retour, la discussion s’engage autour de la Patagonie natale de Fabricio, de la bière artisanale (Fabricio brasse sa propre bière !), et des championnats de football amateurs en Île-de-France. Nous poursuivons d’ailleurs la discussion autour d’une IPA locale dans un bar à bière en face de l’auberge. Nous sommes rejoins par Suzanna, voyageuse majorquaine, et Franco, régional de l’étape. Nous évoquons longuement Marseille, où le sympathique costaricien a ses habitudes, et nous rassurons Suzanna, un peu inquiète sur la sécurité du pays.

Nous dînons à l’hostel, où nous faisons la connaissance d’une bande de volontaires d’une école chrétienne venue aider les populations locales en difficulté. Leur « leader », Gamaliel, un jeune mexicain, me distille quelques conseils avisés pour mon prochain voyage. Cette belle soirée s’achève par une défaite cuisante aux échecs, Fabricio m’ayant battu à plates coutures. Demain, il me faudra potasser d’avantage mon nouveau lonely planet pour planifier un peu mon périple mexicain. Difficile de rester concentré au milieu de tant de personnes passionnantes !
Mercredi matin, Finca Escalante. Petit déjeuner au soleil, dans le jardin de l’auberge. Je fais la connaissance de Mike, un ex-militaire californien en voyage au Costa Rica, ainsi que de Miroslav, tchèque en quête d’aventure, deux de mes compagnons de chambrée. Il est déjà neuf heures lorsque j’ouvre mon guide pour étudier mon parcours des prochains jours. Tant de choses merveilleuses à découvrir au Mexique ! Difficile de construire un itinéraire…Mais je me sens si chanceux d’avoir ce type de problématiques…

J’étudie consciencieusement jusqu’à ce que mes jambes, habituées à leurs kilomètres quotidiens, réclament une promenade. Je me rends donc dans un « outdoor sports shop » et en ressort avec un cadeau de noel après l’heure: une belle paire de jumelles pour observer les oiseaux.

Je dépose le paquet à l’auberge puis ressort aussitôt : j’ai rendez-vous avec Marie et William, le couple de français rencontré à Turrialba, qui prolongent bon gré mal gré leur séjour au Costa Rica. Fabuleuse soirée dans un magnifique restaurant libanais, où nous sommes reçus comme des rois et mangeons comme des princes. C’est un grand plaisir de les retrouver !


Il est déjà tard lorsque je monte dans le taxi qui me ramène à la Finca Escalante. Mais j’y retrouve néanmoins Fabricio pour la revanche de la veille. Qui délivre un résultat identique : une défaite cuisante de votre serviteur. Je plonge ensuite dans un profond sommeil, après une journée bien remplie dans la capitale costaricienne.
Jeudi matin, San José. Le petit déjeuner est animé aujourd’hui. Je découvre Jean-Marie, Virgil, et Olivier, trois nouveaux colocataires, Français, arrivés tard hier soir. Jean, fraîchement retraité, a décidé de revenir au Costa Rica après un séjour enchanteur quelques années auparavant. Virgil et Olivier, deux frères de Bordeaux, ont saisi leur chance avant le durcissement des contraintes covid pour s’évader au vert. J’échange quelques bribes de mon expérience ici avec les nouveaux venus.

Lorsqu’ils partent à la conquête de San José, je sors guide et iPad pour avancer sur la planification de mon voyage. C’était sans compter sur le sympathique Gamaliel, qui engage la conversation. Puis les frangins qui reviennent de balade. Puis Mike qui vient se préparer un café. Entre ces conversations passionnantes, je parviens tout de même à réserver une auberge à Mexico, et à faire une short list de découvertes pour les premiers jours. La journée s’écoule ainsi, entre discussions et recherches. Je sors dans l’après-midi pour me dégourdir les jambes, l’occasion d’apprécier une nouvelle fois le charme du Bario Escalante.


À mon retour, nous improvisons quelques parties de billards avant de sortir profiter des brasseries locales des environs. Une improbable troupe inter-générationnelle composée de Jean-Marie, Mike, Fabricio, Virgile et Olivier se met en route, dans la joie et la bonne humeur. Ma dernière soirée sur le sol costaricien se déroule avec l’authentique convivialité qui m’a accompagnée pendant tout mon séjour ici. Vers 22h, la fine équipe est là pour me saluer alors que le taxi m’emmène vers la gare routière.

Le bus me dépose quelques minutes plus tard à l’aéroport. Le vigile me refuse cependant l’entrée, m’avisant qu’il me faudra attendre minuit pour rentrer. Je me calfeutre alors devant le sas, le plus à l’abri possible des courants d’air. J’écris ces lignes lorsque j’entends un « Julien ? » venant des profondeurs de la nuit. C’est Sylvain, l’un des trois Suisses genevois de Tortuguero ! Nous rejoignons le reste de la troupe, agrémenté d’un quatrième mousquetaire, Ilir, rencontré un peu plus tôt à l’aéroport.

La bande me raconte alors les galères dont ils ont été victimes. Leur vol est parti un peu plus tôt avec à son bord les seuls quatre passagers qui avaient obtenus les résultats d’un test anti-génique pourtant impossible à faire au Costa Rica. Devant l’impossibilité matérielle de se faire tester, et le mécontentement grandissant des voyageurs, la compagnie leur a tout de même retrouvé des vols pour les mener à bon port. Avec près de 24 heures de délai…Mais les enthousiastes compères n’en perdent pas moins le sourire. Ils me racontent leur périple depuis Tortuguero, avant de sombrer dans le sommeil, sur le sol dur et froid de l’aéroport international Juan Santamaria.

Je vous embrasse !
Julien