Équateur – Étape 7: Cuenca

Dimanche matin, Tena. Je quitte mon charmant lodge au petit matin, les yeux encore gonflés de sommeil. Je m’étais pourtant couché tôt, comme à mon habitude. Mais je n’avais pas pris en compte le voisinage. Pas celui des oiseaux, ou des cigales, dont je me suis tout à fait accommodé. Mais celui des gens. On s’habitue très vite aux luxes de la solitude. J’ai donc pu profiter de la conversation animée d’un quatuor équatorien à travers les murs en polystyrène de ma chambre, jusqu’à une bonne heure du matin. Somme toute raisonnable pour un samedi soir. Vers 6h, je salue mes hôtes (en prenant garde de ne pas réveiller mes voisins) et m’offre une promenade matinale vers la gare routière. Le premier bus me re-conduit à Riobamba, en passant par Baños. Pour l’avoir parcourue à pied, en VTT, et en rafting, je connais la route par cœur. Je m’octroie donc un petit somme pour me remettre de ma fiesta par procuration. Avant de sombrer, je prends tout de même le temps d’admirer le volcan Tungurahua, qui dépasse les 5000m.

Le joli cône du Tungurahua (5016m)

Et je me réveille juste assez tôt pour admirer le Chimborazo et son double sommet en forme de dos de chameau, enfin dégagé.

Street view du Chimborazo (6263m)

Le second bus, de Riobamba à Cuenca, emprunte lui un itinéraire inconnu. Le temps est incroyable : le ciel le plus bleu depuis que je suis en équateur. Et à mesure que nous gagnons en altitude, la Sierra domine une mer de nuages, dont dépassent de hautes collines fauves. Somptueux. Le spectacle du paysage me divertit d’ailleurs de celui provenant de l’intérieur du bus : Intouchables, en version espagnole. Le doublage de Cluzet laisse à désirer mais celui d’Omar Sy est remarquablement fidèle. Et le public équatorien apprécie.

La Sierra
Sur la route
Lumières du soir

Quelques douze heures après avoir quitté mon pied à terre dans la jungle, me voici à Cuenca, de retour dans la Sierra à 2800m d’altitude. Il fait nuit depuis longtemps mais je devine une ville superbe, à l’architecture coloniale remarquablement entretenue. Et animée ! Le centre ville grouille de familles, probablement des touristes équatoriens venus pour la Toussaint. Mon auberge d’ailleurs est loin d’être vide, et il me faut partager ma chambre pour la première fois depuis le début de mon aventure. On s’habitue très vite aux luxes de la solitude. Mais je ne suis pas mécontent de me trouver dans un endroit vivant. D’ailleurs, mon passage à Cuenca se place sous le signe de la (re)socialisation, puisque je vais retrouver avec plaisir demain soir Julie et Aurélien (cf épisode 3) !

Lundi matin, après une nouvelle nuit agitée par le va et viens de mes camarades de chambrée, je me lève tôt pour profiter du magnifique soleil de Cuenca. J’aime arpenter les rues dans le calme du petit matin. On ne m’avait pas menti, la ville est exceptionnelle. Probablement ce que les colons espagnols ont fait de mieux dans le pays. Les rues sont bardées de maisons coloniales blanches, ou jaunes, aux balcons de bois. On trouve des églises blanchies à la chaux à chaque coin de rue. Avant d’en découvrir plus, je m’offre un petit déjeuner dans une institution reconnue pour les arômes de son café. Mon desayuno : des œufs au plat sur deux galettes de maïs, agrémentés de tomates, olives, avocat, haricots rouges et aromates en tout genre. Et sauce piquante évidemment. Pas banal à 8h du matin, mais c’est un régal ! Et le café est effectivement délicieux.

Une rue cuenquesque de type classique
Desayono Huevos ronchos. What else ?

Je digère en me promenant au bord du Rio Tomebama (du nom de la cité Inca sur laquelle a été érigée Cuenca), puis je remonte dans la vieille ville où je serpente entre petite placettes et rues coloniales. Jusqu’à une merveille : la gigantesque cathédrale de l’immaculée conception, et ses majestueux dômes en céramique bleue. Un chef d’œuvre.

Les rives du Tomebamba
Quoi de neuf docteur ?
Partie de Bonneteau sur le toit de la cathédrale de l’immaculée conception
Marché au fleurs, au pied de la cathédrale
Les tours de Notre Dame, version carré court

Il est temps de se cultiver : direction le Musée Pumapungo, et son exposition d’ethnographie. Là, un sympathique étudiant en histoire me guide (en espagnol…) à travers les nombreuses tribus indigènes du pays, des quechuas d’Amazonie aux montubios, en passant par les Kanaris ou les tribus de pêcheurs de la côte. Une fabuleuse balade, avec en point d’orgue quelques « tzanzas », de vraies têtes réduites, un traitement réservé à l’ennemi il n’y a encore pas si longtemps…

C’est marqué dessus
Le jardin archéologique (qui penche à droite)
« Pigeon, oiseau à la grise robe, dans l’enfer des villes, à mon regard tu te dérobes. Tu es vraiment le plus agile. »
Kickass 3
Foot massage

Je ne sais si c’est l’explication de la méthode utilisée pour réduire une tête humaine à la taille d’une balle de tennis qui m’a ouvert l’appétit, mais après une courte promenade dans le parc archéologique du musée (vestige de l’antique Tomebamba), je m’en vais déjeuner. Je savoure un bon amuerzo dans un charmant petit café, puis je retourne sur les bords de la rivière pour une petite sieste.

Les cloches de San Blas
Fish-eye building
Moonlight serenade

Je rentre ensuite à l’auberge, afin de relever les messages de Julie et Aurélien quant à notre rendez-vous du soir. Je bavarde un bon moment avec Pepo, le gérant francophone de l’établissement, qui m’éclaire sur les possibilités de randonnées dans le parc du Cajas. Puis vient l’heure de retrouver les aventuriers lillois, sur la place calderon, en face de la cathédrale. Je fais avec plaisir la connaissance de Julie (bis) et Sylvain, un autre couple de frenchies que les lillois on rencontré plus tôt dans leur périple. Et nous voici cinq français prêts à fêter comme il se doit le bicentenaire de Cuenca, qui tombe ces jours-ci. Avec émotion, nous pénétrons dans un théâtre un peu décrépi, pour assister à notre premier spectacle depuis des mois ! Au programme, après de (très) longs monologues introductifs, un sémillant orchestre de Jazz. La balance est désastreuse mais les musiciens jouent avec cœur et l’ensemble est agréable. Puis le public s’enthousiasme à l’arrivée des nouveaux artistes : rien de moins que la Lara Fabian locale et sa bande. De sa voix puissante, elle galvanise la foule, réveillant l’orgueil et la fierté des habitants de cette magnifique cité. La balance est une nouvelle fois épouvantable et la voix de la diva couvre tous les instruments, mais à en juger par la ferveur avec laquelle notre voisine de gauche reprend les refrains, l’émotion passe. Joli moment.

Le programme des festivités
Mireille et son orchestre
Jean Michel Àvous

Nous dînons dans un restaurant italien situé au cœur d’un ravissant patio colonial. Julie (bis) et Sylvain sont aussi ouverts et sympathiques que mes acolytes de Latacunga. La discussion est enjouée, et s’anime à mesure que les « Latitud Cero », une bière artisanale du coin, s’accumulent sur la table (sans (trop d’)excès bien sûr). Belle soirée en bonne compagnie, j’en bas même mon record d’heure du coucher !

Les dessous de Palm Springs

Mardi matin, Cuenca. Le soleil inonde le dortoir et me fait lever tôt, malgré la nuit catastrophique que je viens de passer. Lorsque je suis rentré hier soir, vers minuit, j’ai été doublement surpris par les relents sonores de boîte de nuit provenant de la cour, juste sous les fenêtres de la chambre, et la disparition de mes bouchons d’oreille. La combinaison des deux est tout à fait fâcheuse. Je me confectionne des boules quies à l’aide de serviettes en papier, mais il faut avouer que le résultat est décevant. La musique et les cris se poursuivent jusque tard, et sont relayés par les conversations téléphoniques de ma collègue de chambrée. Conversations certes chuchotées, mais ce pernicieux bruit s’insinue tel une obsession dans mon esprit. Madame raccroche à 3h43 du matin. Une heure et quarante-sept minutes plus tard, le réveil de mon second colocataire sonne. Et à 6h, le soleil, donc, achève pour moi une nuit qui n’a pas vraiment commencée.

Mais pas de drame, je n’ai rien de précis à faire aujourd’hui, si ce n’est profiter du beau temps et flâner dans les rues de Cuenca. Mes pas me portent au mirador de Tari, au sommet d’une colline, qui offre une vue plongeante sur la ville.

Cuenca vue du ciel
L’équipe MPG du coin

Je déambule ensuite dans les rues du centre historique, m’arrêtant de temps à autre pour écouter de folkloriques fanfares célébrer le bicentenaire. Longue sieste sur les bords du Rio Tomebamba, puis retour à l’auberge pour préparer mon séjour dans le Cajas.

Le gendarme à Saint Tropez

Lessive et courses faites, je retrouve la fine équipe en fin d’après-midi, afin de profiter une nouvelle fois des festivités du bicentenaire. Les attractions du jour sont sonores et lumineuses : la ville a imaginé des « mapings » sur quelques églises et monuments de la cité. Un « maping », c’est une projection lumineuse dynamique sur une façade, qui épouse ses formes, et tourne autour, en musique. Nous nous promenons dans les rues de Cuenca, au gré de ces chorégraphies urbaines. Décidément cette ville est surprenante : trois jours à déambuler dans ses jolis artères et elle m’est déjà familière.

Warioland
De g. à d. Sylvain, Aurélien, Julien, Julie, Julie.

Après le spectacle, nous dînons près de la place Calderon, et échangeons nos projets pour les jours à venir. Julie et Sylvain passeront la journée du lendemain dans le Cajas, nous irons donc ensemble ! En revanche nous saluons Aurélien et Julie qui ne seront pas du voyage, en nous promettant de nous retrouver quelque part dans ce beau pays. La soirée s’achève un peu plus tôt que la veille, ce qui permettra de prendre des forces pour ma prochaine aventure : deux jours dans le parc national du Cajas, avec nuit en bivouac ! J’ai hâte…

Grosses bises,

Julien

2 commentaires sur « Équateur – Étape 7: Cuenca »

  1. J’aime le bruit blanc de l’eau…mais c’est vrai que les ballades matinales c’est sympa aussi ! Ce n’est pas arrivé près de chez nous, mais ça a l’air bien cool tout cela. Enjoy copain !

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