Équateur – Étape 8 : Cajas

Le Parc National Cajas est un écrin de nature totalement préservé situé à 30 km au nord ouest de Cuenca. Il est connu pour ces centaines de lagunes glaciaires, mais aussi pour les nombreux écosystèmes qui le traversent, sur une altitude allant de 3000 à presque 4500m. Je pense que vous comprenez pourquoi un amoureux des grands espaces et de la marche veuille s’y attarder…

Mercredi matin, Cuenca. Il est tôt mais le soleil illumine déjà les rues de la cité.

Impression soleil levant

Pour ne rien perdre de la lumière matinale sur le Cajas, Julie, Sylvain et moi sautons dans le premier bus et arrivons pile pour l’ouverture du Parc, à 8h. L’entrée du Parc est situé en aplomb d’une superbe lagune bleue foncé, encadrée de petits massifs fauves. L’aller-retour en bus seul vaut le déplacement ! Nous décidons toute de même de s’aventurer plus avant. Le temps d’une photo devant le lac et je me sépare de Julie et Sylvain, que je retrouverai sans doute dans quelques jours plus au sud.

Je tourne le dos à la lagune et m’engage sur la « ruta 1 », qui donne un avant goût des merveilles du Parc.

30 minutes d’attente à partir de ce point
Lunar lake

J’arrive peu après à la porte de la ruta 5 qui doit me mener au sommet de l’Avilahuaycu, l’un des points culminants du Cajas, à 4200m d’altitude. Je souhaite ainsi débuter mon aventure par une vue panoramique sur le Parc. En chemin, je croise le regard intrigué de deux lamas, se demandant sans doute ce qu’un gringo affublé d’un bandana bleu est venu faire dans ces contrées. Puis ils disparaissent dans le « pàramo », ces hautes prairies beiges typiques des Andes. Le pàramo par endroit, souvent sur les pentes des massifs, est taché de petites étendues d’un vert sombre, ce sont des forêts de Polylepis, l’un des seuls arbres capables de s’adapter à ces altitudes.

Les autruches du pàramo
L’Avilahuayacu, le pàramo, et les forêts de Polylepis

Une marche courte et intense me porte ensuite au sommet de l’Avilahuaycu, qui offre une vue à couper le souffle sur le Parc. Devant moi, montagnes brunes et pàramo or à perte de vue. Grandes et petites lagunes éparses, ainsi que de vertes « touffes » de Polylepis complètent le tableau. Je reste un moment à admirer mon terrain de jeu des deux prochains jours.

Au summum
Sommet de l’AvilaH

La descente est l’occasion de remarquer l’extraordinaire richesse de la flore. Fleurs et arbustes aux formes et couleurs somptueuses.

Arlequins

Il est temps de plonger plus profond dans le parc. J’emprunte donc la ruta 6, qui contourne la lagune Cucheros. L’ascension d’un petit col surplombant le lac me donne à voir de nouvelles lagunes parsemant la prairie. Un panorama parfait pour une pause déjeuner, suivie d’une sieste au soleil.

Flaque d’huile
Jabbah le Huth (en arrière plan)
Le conemara

Je me remets en route, sur le sentier qui serpente entre de petits lacs, avant d’arriver à une croisée des chemins. Je quitte la ruta 6 (qui retourne vers le nord), et prends la ruta 7, qui descend plus bas encore vers le sud est. Le chemin suit alors un long canyon, passant d’une rive à l’autre du ruisseau, et descendant en pente douce. A mesure que je perds en altitude, presque imperceptiblement, le jaune dominant du paysage se teinte de vert.

Marguerites
Le Petit Canyon
Ça mousse
Direction Clavicule

Un colibri passe en rasant le ruisseau. Je réalise alors que je n’ai pas croisé âme humaine depuis mon départ. Le parc est protégé et ne contient aucune installation, pas même un troupeau ne traverse ces plaines. C’est un sentiment fantastique de marcher au milieu de ces grands espaces, comme un répit laissé à la nature.

Désert
Oasis
Blackberry fields forever
Les fameux coton-tiges du Cajas

Le canyon tourne à gauche, me sortant de mes rêveries…pour mieux me plonger dans de nouvelles, tant le paysage est beau. La lagune Mamamag, l’une des plus grandes du parc, se dessine alors que je contourne une ronde colline.

La lagune Ma-Ma-Ma-Mag

Il n’est que 15h mais c’est décidé : je camperai sur les berges du lac. Je repère une zone parfaite à l’extrémité ouest, petit carré d’herbe sèche, exposé à la fois ouest (pour bénéficier du soleil le plus tard possible ce soir) et est (pour être aux premières loges lors de son lever demain matin). Je me mets en habits du soir (il va faire froid), et monte le camp sans empressement mais avec une joie enfantine. J’adore bivouaquer !

The perfect spot
Je suis content
Chambre avec vue

Puis lorsque tout est en place, je m’assois sur une pierre plate, presque les pieds dans l’eau, en face de quelques minuscules îlots. Et je m’offre une longue pause contemplative. Je suis bien, là, loin du monde, au sein d’une nature époustouflante. Des oiseaux que je ne vois pas communiquent à distance. Le bruit du vent dans les herbes hautes. Les remous du lac et ceux d’un petit torrent caché derrière la colline. Je m’endors sur la pierre.

Je suis réveillé par les courant d’air froid qui se fraient un passage au travers de mes nombreuses couches vestimentaires. Le soleil a disparu, le ciel se couvre de nuages. Il est 18h et dans le Cajas, c’est l’heure du dîner. Après une frugale collation je m’attarde au dehors pour regarder la nuit tomber. Puis, constatant que les nuages me priveront d’étoile, je me glisse (enfin) dans mon duvet, savourant cette douce chaleur alors qu’au dehors, la température baisse rapidement. Je m’endors sur les bords de ma lagune, au cœur de mon parc.

Derniers rayons
Northern lights

Jeudi matin, quelque part dans le Parc National Cajas. La nuit a été bonne, je n’ai pas souffert du froid grâce à mon duvet de compétition, et il n’a pas plu. Je me lève (très) tôt afin de profiter des premières lueurs du jours. Ce qui ne présente d’ailleurs aucune difficulté, m’étant couché à 19h20 la veille. La lumière sur la lagune est époustouflante. Une fine vapeur s’échappe de l’eau calme du lac. C’est encore plus beau qu’hier. Voir le soleil se lever sur des paysages grandioses, voilà au fond la magie du bivouac. Je retourne sur ma pierre, et déguste mon petit déjeuner de champion (céréales, fruits secs, et bananes écrasées) devant le spectacle de l’aube. Je m’attarde, je traîne, repoussant non pas le moment du départ mais celui de ma sortie du parc.

Ma cabane au fond du jardin
Miroir
Symétrie orthogonale

Rassasié de ma lagune, je prends tout de même la route vers 8h. Le soleil est déjà haut, et il fait presque chaud. Le sentier longe le lac, puis s’élève à droite vers un petit col. Un dernier coup d’œil à ma lagune, et je m’engage vers un paysage inconnu. Le col débouche sur une profonde et large vallée, dont la forêt recouvre les flancs.

On devine mon campement, en haut à gauche
La 5ème dimension
L’étrange vallée, et la lagune Llaviucu

Commence alors un étrange voyage, qui me porte en moins de trois heures du Pérou aux Alpes suisses, en passant par la forêt de Fontainebleau. Ce pays est décidément surprenant. Je descends vers le cœur de la vallée en traversant d’abord une forêt clairsemée, humide, où fleurs et orchidées se disputent mon regard.

Puis la forêt se densifie, la canopée s’élève, et dans les branches je parviens à repérer de gros oiseaux noirs, sorte de dindes sauvages, mais au vol gracieux. Je traverse une petite clairière, et aperçois une belle lagune au fond de la vallée.

Saurez-vous trouver la dinde ?

Le sentier retourne dans la forêt, qui a désormais des airs de sous-bois normand…

Passiflore

Puis le chemin quitte les bois pour suivre un charmant petit ruisseau, jusqu’aux abords de la lagune Llaviucu. Un paisible troupeau d’alpagas broute une herbe verte non loin de la rive.

Le cheval Milka
Nuages sur pattes
La lagune Llaviucu

Avant de longer le lac pour atteindre la sortie du parc, je jette un dernier coup d’œil derrière moi. On y devine tout : le col jaune-brun par lequel j’ai rejoins la vallée, les premières taches de vert se distinguant du jaune, puis la forêt, épaisse et drue où s’ébattent les oiseaux. Magique cette promenade ! Et je ne suis pas au bout de mes surprises puisque, après avoir franchi les barrières du parc, j’emprunte une piste qui chemine au milieu d’enclos verdoyants où paissent vaches et chevaux. Les alpes suisses vous dis-je ! La piste me ramène à la route, où je hèle un bus pour Cuenca. Sur le trajet, je me repasse avec une heureuse nostalgie les photos de cette expérience hors du monde.

C’est beau, la Suisse

L’après-midi est studieuse, je profite du calme de l’auberge pour écrire ces lignes, et programmer la suite de mon voyage. La prochaine étape sera Vilcabamba ! Un petit village sur les pentes sud de la Sierra, connu pour l’extrême longévité de ses habitants…et surtout à proximité immédiate d’un autre fameux parc national : le Podocarpus.

Je retrouve Julie et Aurélien qui finalement sont toujours à Cuenca. Encore une soirée fort sympathique en leur compagnie. Puis nous nous saluons, certains de nous revoir dans les prochains jours. Fatigué de mes émotions des deux derniers jours (et un peu de ma nuit en bivouac…), je rentre à l’auberge pour un sommeil bien mérité, et des rêves en couleur, évidemment.

Grosses bises,

Julien

Un avis sur « Équateur – Étape 8 : Cajas »

  1. Vraiment magnifique cette étape ! Trop happy pour toi. Tout ce que tu aimes…moins moi. Ça fait plaisir !
    En plus j’étais content que tu quittes tes nouveaux amis au début parce que je commençais à être jaloux. Dommage, ce dernier paragraphe. Ahahah 😛

    PS : Des barres Jabbah. Et un demi, svp.
    Blague à 1/10. Cadeau.

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