Mexique – Étape 10: Campeche

Mercredi matin, Palenque. La nuit a fait son office. De ma couchette, je réserve un billet de bus pour Campeche, à 8h, changeant ainsi d’idée directrice pour mon exploration de la péninsule. Rejoindre le lointain Est se serait avérée une aventure coûteuse en temps et en énergie, et rien ne m’empêchera de découvrir les trésors de la côte caraïbe un peu plus tard. Je boucle mon sac sans faire de bruit et quitte le cabanon encore endormi. Je mets à profit les six heures de bus pour écrire le chapitre sur Palenque, en découvrant du regard le golfe du Mexique, que la route longe un bon moment.

Dans Golde du Mexique, il y a Mexique.

J’arrive à la gare routière de Campeche en début d’après-midi, et rejoins à pied, sous un soleil moite, le centre historique de la ville. J’y découvre une jolie cité coloniale, colorée, paisible, presque assoupie. Entourée de remparts, dont les bastions et quelques murailles toujours debout témoignent d’un passé glorieux, la vieille ville se résume à un petit quadrillage de jolies rues tranquilles. Des maisons de plein pied aux couleurs pastel portent ici et là les stigmates laissés par l’air marin. La façade de l’hôtel Maya, brun-rouge, n’en est pas exempte, mais l’ensemble a fier allure.

L’hôtel Maya Campeche
Et son toit terrasse

La chambre est grande et confortable. Je prends une douche froide et pars à la rencontre de la cité. Je passe devant le Zocalo (la place centrale), son joli kiosque rouge et or, et sa belle cathédrale.

Capt’ain Krabs
Ghost town
Art campechois (c’est de l’abstrait hein ? Je crois de c’est de l’abstrait)

Je franchis ensuite les remparts par la Puerta del Mar, qui comme son nom l’indique donne sur la mer. Le golfe du Mexique s’étend à perte de vue, le long d’un « Malecón » très soigneusement aménagé de plus de sept kilomètres. Au moment de traverser la grande artère qui m’en sépare, je suis étonné de voir les automobiles s’arrêter à mon passage. Sur un continent où la voiture est reine, c’est la première fois qu’une traversée de route n’est pas un lutte pour la survie. En fait, d’énormes efforts semblent avoir été fait pour faire de Campeche une ville « tourist-friendly », des passages piétons donc, à la Policia Turistica qui renseigne fort aimablement les badauds. Certes, c’est un peu artificiel, mais très agréable !

Les remparts de Campeche

Je fais ensuite le tour du centro historico, en suivant le tracé des anciennes murailles.

Vauban
Fin du jour sur le bastion
Ô Jérusalem

De retour au Zocalo, je m’assoie sur un banc ombragé entre deux antiques fauteuils de cireur de chaussures, et bouquine en regardant le jour tomber. Je manque de peu le coucher de soleil sur le golfe, mais reste néanmoins assis au bord du Malecón pour admirer les lueurs rose pâle et bleu nuit qui colorent l’horizon.

Volée de Pélicans à la nuit tombée
Alors que revoilà Capt’ain Krabs

Après trois jours de légumes frais préparés par mes soins, je m’offre un bon restaurant, me régalant de “cochinita pibil”, une spécialité locale à base de cochon de lait mijoté. Je salive à la seule évocation de ce succulent souvenir gustatif…Je rentre me coucher à l’hôtel, et parviens à m’endormir malgré l’absence de la musique de la jungle. Absence qui par ailleurs promet une belle nuit de sommeil !

Marganzo 🤤

Jeudi matin, Campeche. Il est presque 8h lorsque je me lève, après un repos réparateur même si parcouru de rêves étranges (notamment celui dans lequel je joue au Ping Pong avec des balles carrées avec d’estimés anciens collègues). Je me rends sur la rue centrale, qui va de la ville nouvelle à la porte de la mer, et m’assoie en terrasse pour un magnifique petit déjeuner.

Molletes

J’y croise un quinquagénaire canadien qui manifestement a envie de bavarder. Nous parlons de l’atmosphère si précieuse de San Cristobal, et il décide alors subitement de s’y rendre le lendemain. Au vu de l’air drôlement soulagé sur son visage, je me dis qu’il a utilisé notre discussion à la seule fin de verrouiller une décision déjà prise…

Gang de Cormorans

Après cet instant maïeutique, je rejoins le Malecón et parcours sous le soleil les cinq kilomètres qui me séparent du Fort San Miguel et du Musée Archéologique qu’il abrite. Le fort, construit au XVIIeme siècle afin d’endiguer les attaques récurrentes des pirates de la baie, est joliment conservé.

Le désert des tartares
Geometry

Le musée quant à lui est une vraie mine d’or ! D’une manière simple et didactique, il raconte, à travers les trésors découverts dans les cités antiques, l’histoire, les croyances, et les rites de la civilisation Maya.

La cuvée des trolls
Les nains, notables d’importance à la cour Maya

Je passe deux heures à déambuler au milieu des reliques de cette société disparue, qui fait la fierté des populations indigènes, héritiers d’une culture qui prône l’équilibre et l’harmonie avec la nature.

J’ai tenté d’acquérir cette chouette pour la collection de Mimi, mais elle n’était pas à vendre…
C’est une pièce interessante Monsieur Ipkis

Je reprends ensuite le Malecón vers le centre, et m’installe à nouveau sur un banc du Zocalo, pour mes leçons d’espagnol. Je regagne l’hôtel Maya, et son toit terrasse ombragé. Je profite de l’heure, pas encore trop tardive, pour appeler mes parents, puis mon frère au pays. Je comble une partie du retard accumulé sur la mise en ligne de mes aventures, puis sort dîner à la nuit tombée. Le puc chuc est presque aussi savoureux que le cochinita pibil de la veille…Je croise à nouveau le canadien, heureux d’avoir réservé son bus et son hôtel à San Cristobal, et impatient de goûter lui aussi le cochon de lait à la campechoise.

Je rentre, trie les photos prises ces derniers jours, et me promet d’entamer un livre sur l’histoire du Mexique, dès que je serai venu à bout de l’épais volume de biologie en cours (des oiseaux à Darwin, il n’y a qu’un pas). Je m’endors en pensant à l’étonnante cosmologie Maya, ses dieux aux yeux carrés et nez proéminents, ses ceibas gigantesques, échelles entre le ciel et le monde des ténèbres…

Vendredi matin, hôtel Maya. Je laisse mes affaires à la consigne et marche, à travers les abords animés des remparts, vers la station des collectivos pour les ruines d’Edzna, à une petite heure de route. Le van m’y dépose pour l’ouverture, à 9h. Je découvre un site superbe ! Ses dimensions intimistes rappellent Yaxchilan, la beauté de ses monuments, si bien conservés, évoquent d’avantage Palenque.

Le site Maya d’Edzna (comme ça se prononce)
Ici comme en L1, les tribunes sont vides

L’ensemble dégage une atmosphère lumineuse et sereine, qui contraste avec le passé guerrier de la cité. La grande acropole est sublime. Le temple posé au sommet d’un escalier vertigineux domine le site de toute sa splendeur.

Minas Morgul

Les nouveaux maîtres des lieux se partagent équitablement la cité : les nombreux iguanes noirs se sont attribués les pierres, quand les vautours décrivent des cercles à haute altitude comme pour marquer leur territoire, avant de se poser au sommet des temples.

Il a changé, Akela…
Maître vautour sur son temple perché
Le fameux serpent à plumes
Il manque une marche au podium

Je m’assoie un moment sur ces pierres millénaires, profitant du calme (aucun visiteur à l’horizon !) pour un instant méditatif.

Les Mondes Engloutis
La nouvelle collection LEGO

Avant de repartir, je fais un dernier tour de la « plaza », vide, à admirer le fruit du génie des hommes.

Temps clair. Pelouse est en bonne état.
Léger strabisme

Le retour à Campeche s’avère plus compliqué que prévu…Le garde à l’entrée du site m’invite à aller attendre le collectivo 200 mètres plus loin, au croisement, m’assurant qu’il arrivera « bientôt ». Pendant la première demi-heure, je vois effectivement passer deux vans, mais dans le sens inverse. Le troisième, toujours dans le même sens, ne prend pas la peine de s’arrêter pour répondre à mes questions. Il se contente de grands gestes incompréhensibles. Après une heure, le spectre de Cartago me guette…D’autant que mon bus pour Merida, au Nord de la péninsule, part à 15h…Je decide de tenter ma chance au croisement suivant, commençant à douter fortement des informations reçues. Mais pas plus de collectivos dans ces parages. Conscient de l’heure qui tourne (même si j’ai tout de même une bonne marge), une heure et demie après avoir quitté le site, je m’essaye au stop. Sans succès. Un peu vexé de ces échecs à répétions, je fais chemin inverse, bien décidé à exiger au garde des explications claires. Mais alors que j’emprunte le chemin menant à l’entrée du site, le collectivo en revient. Je monte à son bord, soulagé. Ma colère molle disparaît instantanément, et je me contente de penser à la nécessité de redéfinir le mot « bientôt » dans ces contrées.

Devant la violence de cette scène, nous préférons vous montrer ce document, consacré au tropical kingbird.

J’arrive en ville avec juste assez de temps pour un déjeuner rapide dans la rue centrale. Puis je récupère mon paquetage et fais route vers la gare routière, où je suis même en avance pour mon trajet vers Merida. Le petit bus est à l’heure, mon voisin corpulent, mais il n’y en a que pour 2h30…

Saul Goodman n’est pas loin…

Après le calme (presque irréel) de Campeche, Merida ressemble à une grande métropole. Ce qu’elle est en définitive, puisque, avec ses 800 000 habitants, elle fait office de capitale de l’état du Yucatan. La ville perd en charme ce qu’elle gagne en vie, mais ses nombreuses places ombragées, petites ou grandes, sont tout à fait charmantes. J’en traverse quelques-unes, repérant quelques bancs pour plus tard, avant d’arriver au Nomadas Hostel. La devanture, ainsi que l’entrée, sont modestes, mais je découvre un vaste et joli patio, avec une grande piscine en son cœur. Le dortoir est spacieux, propre, et confortable.

La piscine du Nomadas

J’y dépose mes affaires, discute un moment avec Willem, mon colocataire hollandais, et sors dîner à la nuit tombée. Les rues de Merida sont animées, et la cathédrale, sur le zocalo, est habillée de peintures virtuelles un peu kitsch. Je choisis un joli restaurant situé dans un patio colonial, et me régale à nouveau d’une spécialité locale, le « relleno negro », ragoût de viande blanche à la sauce noire savoureuse. J’improvise une promenade digestive dans les rues de la ville, puis laisse les locaux à leur vendredi soir pour rejoindre ma couchette, afin de digérer mon relleno, mais aussi les belles et diverses images de cette riche journée. Demain, j’irai explorer plus avant la capitale yucatèque !

Sympas, ces coloriages

Je vous embrasse,

Julien

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