Jeudi matin, Guerrero Negro. Le bus de 8h, par une logique toute basse californienne, part à 7h. Nous sommes à bord, trop habitués aux facéties de la compagnie ABC pour se laisser surprendre. Et c’est parti pour un voyage de 13h pour rejoindre La Paz. Le car emprunte la Transpeninsula, et nous faisons ainsi en sens inverse le parcours effectué depuis notre seconde escale à La Paz. Mis à part la charmante mama mexicaine assise derrière nous qui laisse ses enfants macérer dans des couches pleines, le trajet se déroule sans encombre. Nous voyons défiler San Ignacio, Mulegé, la Bahia Concepcion, Loreto…des lieux désormais chargés de souvenirs pour nous trois !

Fourbus, et un peu abrutis par les heures passées devant les écrans du bus, sur lesquels se sont succédés Simba, Wonder Woman, et Elton John (le faux vrai, pas celui d’Espiritu Santo), nous arrivons à La Paz pour le coucher du soleil. Julie et Aurélien, qui repartent dès le lendemain, ont réservé un hôtel tout prêt de la gare routière. Je file déposer mes affaires à la Casa Esterito, pour la troisième fois en un mois, et rejoins bien vite mes amis pour notre dernière soirée ensemble avant un certain temps. Si la rétrospective de nos formidables aventures occupe inévitablement une part importante de la conversation, nous évoquons aussi nos projets futurs, et nos prochaines retrouvailles, en France sans doute. Nous n’oublions pas de rire, évidemment, et de remercier la providence qui nous a placé au même moment sur la pente raide d’une montagne près de Chugchilan.

Nous faisons durer la soirée, grâce à une glace, puis un mescal, afin de retarder l’échéance. Mais il nous faut bien nous quitter, après un mois de vie commune. Un mois à s’émerveiller ensemble des trésors de la Baja, à partager nos histoires, nos repas, nos impressions. Un mois à se découvrir, à se supporter (étonnamment facilement !), à rire de nos travers respectifs, à s’étonner chaque matin avec enthousiasme de la chance incroyable que nous avons. Un mois exceptionnel de nos vies dont nous nous rappellerons toujours. Bon voyage mes amis, et à tout bientôt !

Vendredi matin, La Paz. Un léger mal de tête, conséquence de la soirée d’adieux un peu trop arrosée, me fait repousser à demain mon footing sur le Malecón. À la place, je fais connaissance avec les nouveaux occupants de la Casa Esterito. Charlie, française, volontaire à l’auberge, cherche une école de plongée au Mexique pour y exercer ses talents d’instructeur. Fabiana, italienne itinérante, est venue rendre visite à son amie Charlie, avant de poursuivre sa route au Quintana Roo. Ravi de pouvoir pratiquer mon italien, je me rends néanmoins vite compte à quel point l’apprentissage de l’espagnol brouille les pistes. Et je ne parviens qu’à bredouiller un odieux mélange latin…Passée une légère frustration, je salue le débonnaire Miguel, jeune patron des lieux, fidèle au poste, qui nous fait part de ses nombreux projets pour l’hostel. J’interromps mes mondanités pour appeler la famille, presque tous réunis au Pouliguen. Après quelques semaines de quasi black-out au niveau des communications (la Baja est un désert…), je suis très heureux de les voir derrière mon écran !
L’auberge est bien calme lorsque je rejoins le lobby, et j’en profite pour rattraper le conséquent retard accumulé sur la publication de mes aventures. Puis je prends le temps pour organiser ma prochaine étape dans le canyon du cuivre. Las d’être enfermé (j’ai décidément perdu l’habitude), je profite de ma précieuse liberté de mouvement pour aller faire un tour dans la chaleur de La Paz.

Je dîne ensuite en compagnie de Charlie et Fabiana, et m’éclipse bien tôt, rattrapé par la fatigue du long trajet d’hier et de ma nuit trop courte. Évidement, au moment de m’endormir sur les derniers chapitres de l’origine des espèces, j’ai une pensée pour mes camarades lillois, désormais à Cabo San Luca. Puis mon esprit divague vers les paysages futurs que je découvrirai bientôt de l’autre côté de la Mer de Cortés…

Samedi matin, Casa Esterito. En forme, dans la presque fraîcheur matinale, j’arpente au pas de course ce Malecón que je connais par cœur. Puis, tel un taulier de l’établissement, je prends mon petit déjeuner en interagissant avec les habitants éphémères de l’auberge, renseignant les uns sur les activités à faire dans le coin, les autres sur les « must-do » de la Baja. Je continue aussi, entre deux conversations, d’avancer sur le blog.
À la mi-journée, nous sautons dans un Uber, Charlie, Fabiana, et moi, en direction de la Playa Tecalote, au Nord-Est de la baie. Je retrouve la plage découverte un mois plus tôt, ses pélicans, ses eaux calmes et sa vue imprenable sur l’isla Espiritu Santo.


Nous marchons dans les collines environnantes, jusqu’à la playa Escondida, où seuls quelques privilégiés arrivés en bateau profitent de son calme. L’eau est froide, et la visibilité fortement réduite, mais mes acolytes, toutes deux plongeuses aguerries, s’engagent dans une session de snorkeling. Je les suis, et nous contournons la pointe pour nous rendre dans la superbe baie de la playa Ballandra. Là, à faible profondeur, je marche près des rochers, regardant les poissons sergent et trompette slalomer entre les algues sous la surface transparente. Je m’arrête un instant pour converser avec un grand héron bleu, qui ne s’émeut guère de ma présence.


S’en suit une courte sieste sur la plage, puis quelques scènes cocasses. Alors que nous croisons un couple de francophones, je leur dis n’avoir croisé que peu de français en Basse Californie. « Nous sommes belges » me répond le jeune homme d’un ton glaçant. Ce qui me vaut les rires et moqueries de Charlie et Fabiana une fois les wallons repartis…Ensuite, un sympathique vénézuélien sirotant du mescal en plein soleil avec deux amies, nous invite dans un très bon français à les rejoindre. L’homme a étudié à Brest et en conserve une bonne maîtrise de notre langue. Sa compagne est amicale, comme lui. Leur amie allemande, moins avenante, parle sans arrêt et d’un ton péremptoire. Des images des guignols de l’info des années 90 me reviennent en tête : la marionnette de Christine Bravo se prenant de gigantesque claques, seul moyen de calmer son agaçant débit. La chaleur qui sévit est une bonne excuse pour rejoindre l’ombre et ainsi quitter Frau Je-sais-tout.

Soulagés, et amusés, nous quittons la plage et escaladons de nouveau la montagne, accédant ainsi à un superbe panorama sur Ballandra. Nous sommes également aux premières loges pour le coucher du soleil, les péripéties de l’après-midi ayant prolongé jusque tard notre séjour dans ce petit paradis.



À cette heure avancée, plus de bus pour rejoindre La Paz. Et pas de réseau pour appeler un Uber. Mais nous bénéficions de la magnifique générosité mexicaine : hélé par Fabiana, le pick-up d’une gentille famille de locaux s’arrête et nous grimpons à l’arrière. Kevin, huit ans, à travers une petite fenêtre, fait la conversation à Fabiana, pendant que nous profitons, à l’air libre, des formidables couleurs du soir. Un très joli moment !

À l’auberge, autour du dîner, Charlie et Fabiana me racontent leurs expériences d’apprentis apnéistes, et je découvre l’œuvre de Guillaume Nery, le plus grand d’entre eux. Fascinant ! Je me promets de m’y essayer très vite ! Je m’endors avec ces images invraisemblables d’un homme nageant au milieu de cachalots endormis, par plusieurs dizaines de mètres de fond…

Dimanche matin, Malecón de La Paz. À force de courir sur la promenade, je reconnais les habitués : joggeurs, marcheurs, agents de sécurité aux portes des marinas, jusqu’aux dames qui promènent leur chiens et m’adressent un sourire sous leur masque chirurgical. Je me sens très bien ici !
Après quelques heures passées derrière mes écrans, presque à jour sur mon carnet de voyage, je pars pour une longue balade dans les rues de La Paz. Assis sur un banc, à l’ombre, face à la cathédrale, je passe un long moment à lire, et parviens (enfin), ému, à terminer le monument de Charles Darwin.

Je fais quelques emplettes pour le dîner, et rentre à la maison, retrouver l’équipe. J’ai promis à Charlie et Fabiana de préparer un guacamole, alors qu’elles se sont engagées à préparer des burgers végétariens, pour un repas tout à fait vert. Nous partageons nos productions saines avec les autres habitants de la Casa, en sirotant une bière artisanale, moins saine mais délicieuse. Et, à ma grande surprise, les hamburgers de petits poids sont également délicieux ! Je note la recette dans un coin de ma tête afin de retenter l’expérience bientôt. Je passe une très bonne soirée en excellente compagnie, idéale pour clôturer mon séjour dans cette fabuleuse Basse Californie !

Je vous embrasse !
Julien
T’as été jusqu’au bout du Darwin quel acharné ! 😅
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