Guatemala – Étape 1: Quetzaltenango

Mercredi matin, Quetzaltenango. L’hostal Mucha est drôlement confortable, et nous petit-déjeunons d’énormes pancakes dans le patio, remis de notre éprouvant voyage de la veille. Sous un ciel gris, nous nous dirigeons vers le Cerro El Baul, verte colline qui domine la ville. En chemin, nous découvrons une jolie ville coloniale, dont les heures de gloire sont néanmoins derrière elle. Dans des rues mal entretenues, les maisons historiques sont ternies par les ans. On devine ici et là une maigre volonté de réhabilitation bien vite abandonnée. Mais “Xela”, comme l’appelle les locaux, gagne en authenticité ce qu’elle perd en beauté. Loin des fards touristiques de San Cristobal, la vieille ville est la cité des vrais gens. Nous traversons un quartier populaire, naviguant dans un environnement désordonné, entre motos hors d’âge transportant des bidons d’eau, marchands de glace ambulants faisait tinter leur sonnette rouillée, et sempiternels “street dogs” se disputant des restes de tortillas.

Le Manoir Hanté
La vache qui rit

La pluie nous attrape alors que nous grimpons à travers la forêt, mais l’averse cesse lorsque nous parvenons au Mirador. Elle a tout de même eu le temps de nous tremper significativement, et de recouvrir les sommets alentours d’un épais brouillard gris. Nous nous contentons donc des grands pins qui jonchent le sommet, et découvrons avec plaisir, puisque chaque région a la sienne, l’espèce locale de geai. Ailes et dos bleu nuit sur un ventre charbon, le geai à gorge noire se distingue par son élégant monosourcil blanc.

Moonwalker

La pluie reprend alors que nous redescendons vers le centre-ville. Une fois à l’hôtel, je réalise que nous avons une heure de décalage en plus par rapport au Chiapas voisin, et que je vais être en retard pour le match France – Hongrie. Je saute dans une paire de tongs, inappropriées mais sèches, attrape un parapluie d’avantage de saison, abandonne Arlette à ses lectures, et cours dans une rue à demi-inondée vers la place centrale. Là, un bar miteux diffuse le match sur un mauvais écran. Je prends place sur un tabouret haut, et commande distraitement une bière. La partie a commencé depuis dix minutes et s’annonce ennuyeuse. Une serveuse pas plus haute que la table m’amène une énorme choppe de bière. Interdit, je lui dis qu’il m’avait semblé avoir commandé un demi. Mais elle me répond sèchement que la pression ne se sert qu’au litre. Qu’à cela ne tienne, je sirote ma bière devant un match pauvre, et quitte le bar à moitié saoul, avec mes tongs et mon parapluie. Il est 15h. Un peu tôt pour être dans un tel état. Je fais donc, comme la veille au soir, le tour des distributeurs, pour un résultat équivalent. Je rentre donc bredouille, et encore un peu éméché, à l’auberge. Ce que ne manque pas de remarquer Arlette, qui propose un diner précoce afin de remédier à mon état.

A la santé du colonel, surtout particulièrement

Au croisement de deux rues sombres dans la nuit de Xela, la Esquina Asiatica est un lieu atypique. Dans une grande pièce décorée de posters de Godzilla et autres japonaiseries des années 80, au milieu d’un mobilier tout asiatique, style Indes britanniques made in China, une charmante guatémaltèque trentenaire nous accueille. La nourriture est déplorable mais je passe une excellente soirée, à écouter Arlette me raconter son épopée en Israël et Jordanie, et ses nuits magiques dans le désert du Wadi Rum. Ainsi achevons-nous, heureux et fauchés, notre première journée au Guatemala.

Jeudi matin, Hostal Mucha. Aujourd’hui, nous partons escalader notre premier volcan ! Le Santa Maria, au Sud de la ville, culmine à 3800m d’altitude. Aux aurores, nous sautons dans un “chicken bus” bondé malgré l’heure matinale, en direction d’un petit pueblo au pied du volcan. Trésor national, ces anciens bus scolaires américains sillonnent le pays, transportant quelques touristes en quête d’authenticité (et d’économies…) au milieu des autochtones. Grâce à leurs suspensions antiques et à l’état général des routes guatémaltèques, chaque trajet est une expérience unique, un grand huit dont on ressort nauséeux, jurant que l’on ne nous y reprendra plus mais impatients de recommencer.

Death machine

Le véhicule nous dépose à bon port (une demi-heure pour 6km quand même…), et nous filons sous un soleil franc vers le sentier qui mène au sommet. Les nuages ne sont cependant guère loin, et nous nous fixons pour objectif de parcourir les 1400 mètres de dénivelé avant l’arrivée de la pluie. Un jeune et dynamique petit chien noir nous sert de guide. Il nous suivra tout le long de notre aventure, et finira avec un joli nom aux accents de l’ancien monde. Pour l’heure, Otto Michel Rossco Pantera nous devance sur le chemin, qui s’engage à travers champs sur les pentes du volcan. Nous croisons les villageois, affairés, alors que dans les arbres les geais s’écharpent de leurs croassements de mégères.

Au pied du mur
Un peu plus près des étoiles

Le sentier grimpe plus fort, et les pins font leur apparition, tout comme les faucons à queue rouge qui voltigent dans les courants. La montée finale s’effectue dans ce paysage magnifique, slalomant entre les pierres, et devinant la plaine derrière les grands épineux en forme de brocolis.

Dans la vallée
Clouds fight
Poêlée forestière

Objectif atteint : nous arrivons au sommet avant la pluie, juste à temps pour voir la mer de nuages engloutir peu à peu les sommets voisins. Superbe ! Ravis de notre première ascension et reconnaissants de la providence qui nous a gardé au sec, nous paressons un moment, allongés sur la roche et caressés par les rayons du soleil. Otto Michel Rossco se repose lui aussi, et nous met au défi d’atteindre notre point de départ avant la prochaine averse.

UFO
Arnaud Clément, enfin sur le toit du monde
Fumigènes
The Dogfather
Ah ces OGM…

Challenge accepted, nous nous remettons en marche au petit trot, et rejoignons facilement le village. Notre (pas si) fidèle compagnon nous délaisse sans émotion pour retrouver ses congénères, et nous attrapons au vol un chicken bus pour le centre ville. Nous sortons du tambour de cette terrible machine à laver ambulante, et je regagne l’auberge avec un joli mal de tête, sans doute dû aux efforts consentis en altitude. Une bonne sieste efface cette gêne passagère, et nous travaillons alors avec Arlette à notre prochaine étape. Nous souhaitons tous les deux effectuer une belle randonnée sur trois jours dans les montagnes plus au nord, mais deux heures de recherche active, ainsi que coups de fil et messages en rafales, nous amène à la conclusion frustrante mais inéluctable que la longue promenade ne se fera pas. Après une légère déception, nous nous réjouissons à l’idée de découvrir dès le lendemain le lac Atitlan et ses volcans millénaires. Nous célébrons notre décision dans un restaurant indien à deux pas de l’auberge, après un passage enfin fructueux, et euphorisant, au distributeur. Riches, et enthousiastes, nous nous endormons dans le calme étrange de Quetzaltenango.

Je vous embrasse !

Julien

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