Guatemala – Étape 6: Semuc Champey

Lundi matin, Utopia Hostel. 7h30, c’est l’heure du yoga à l’Utopia. Perchée haut dans ses nuages, Mahava nous accueille avec douceur et sourire. D’origine russe, la svelte femme à l’âge indéterminable est venue trouver la quiétude dans la jungle. Nous réglons nos oreilles sur sa petite voix et nous laissons porter dans son monde, entre stretching et exercices de respiration. La séance fait un bien fou, et, détendus, nous rejoignons la table du petit déjeuner. Assis à regarder la cime des arbres, nous repérons deux sublimes coucous écureuils, dévoilant élégamment les taches blanches de leur longue et soyeuse queue.

Au dessus de la mêlée
Coucou hiboux écureuil

En fin de matinée, John, le patron, vient nous chercher, ainsi qu’une poignée d’habitants, pour la visite de la plantation de cacao. Le solide gaillard, d’origine américano-guatémaltèque, a acheté le terrain il y a une quinzaine d’années, y a construit sa maison, l’auberge, et planté les cacaotiers donc. Les explications de John sont captées par la caméra professionnelle de Mark et Thomas. Les deux Allemands, qui dans le civil produisent films et vidéos pour les entreprises, sont là pour deux mois afin d’aider le patron à lancer la chaîne YouTube de l’auberge. L’objectif est de réorienter son offre vers des séjours plus longs, autour de la nature et du bien-être. Tout un programme ! Nous passons des champs à la cuisine, afin de torréfier les fèves de cacao. Puis d’en faire du chocolat, incorporant les fèves et un peu de sucre dans un robot de cuisine. Au bout d’une demi-heure de mixage, entrecoupée de « le saviez-vous » savamment capturés par les deux réalisateurs, nous disposons la pâte obtenue dans des petits moules en forme de cœur ou de cochon, et assaisonnons nos œuvres avec sel, cannelle, piment…La mise au congélateur de nos productions signent la fin de l’atelier.

I read it somewhere…
Tu t’es vu quand tu mixes ?

Arlette et moi partons nous balader le long de la rivière, croisant au passage un superbe basilic. Malgré la pluie qui tombe doucement, je prends un rapide bain, prenant soin de ne pas me faire emporter par le courant. De retour à l’Utopia, je m’installe confortablement sur un canapé pour une longue séance d’écriture, tandis qu’Arlette se repose dans la chambre. Nous nous retrouvons pour l’apéro, afin de préparer la prochaine étape. La journée de demain sera dédiée au surprenant site de Semuc Champey, à trois kilomètres. Facile. La suite l’est un peu moins. Le shuttle pour Rio Dulce partira de Lanquin mercredi matin à 8h. Ou pas. Celui pour Flores partira à la même heure et du même endroit. Sans doute. Nous demandons à Pia d’investiguer pour nous, et nous irons où la providence nous enverra : soit Rio Dulce, soit Flores. Le second dîner végétarien n’est pas plus fameux que le premier, mais le banana cake est de bonne facture, touche finale sucrée d’une douce journée.

L’arbre de Pocahontas

Mardi matin, Utopia Hostel. La séance de Yoga est plus intense que la veille, et je termine en sueur les exercices de Mahava. La patiente russe a fait face à ma souplesse légendaire avec gentillesse et abnégation…Après le petit déjeuner, Benny, l’homme à tout faire de l’auberge, nous dépose à Semuc Champey, où nous attend Armando, notre guide pour la journée. Nous marchons quelques centaines de mètres le long de la rivière, jusqu’à l’entrée d’une grotte d’où coule un ruisseau brun. Nous laissons nos affaires, et nous engageons, en maillot de bain-baskets, et cierge à la main, derrière Armando. Immergés jusqu’à la poitrine, nous progressons dans l’obscurité, à la seule lumière de nos bougies. Les parois de la caverne sont splendides ! Stalagmites et stalactites de toutes tailles, et de toutes formes, sortent de l’ombre à mesure que nous avançons. Bientôt, une petite cascade annonce un changement de niveau, et nous voilà escaladant de petites échelles, un main toujours serrée autour de nos vitales sources de lumière. La grotte suit un parcours invraisemblable, et nous nous régalons de ce fabuleux labyrinthe. Armando nous apprend que celui-ci s’étend sur près de dix kilomètres, à travers les entrailles de la montagne. Nous nous contenterons de 300 mètres, conclus par un joli saut dans le noir, avant de faire demi tour. Quel incroyable voyage au centre de la terre ! Et une chouette surprise pour Arlette et moi, nous ne nous attendions pas à une telle promenade souterraine…

Voyage au centre de la Terre
Plutôt dark le dernier concert de Bruel…
Descente au flambeau
Prends garde ! Spidercochon est là !
Eyes wide shot

L’aventure continue. Nous remontons la rivière, jusqu’à une belle cascade, nous greffant à un autre petit groupe de touristes. Leur guide nous propose un saut haut perché au sommet de la cascade. Nous le suivons le long d’un étroit et glissant chemin, à flanc de colline, jusqu’à l’eau blanche, qui s’écoule à grande vitesse. Le jeune homme téméraire s’engage dans le torrent, trouvant miraculeusement des prises alors que l’eau le recouvre entièrement. En un tournemain, il disparaît vers le sommet. Interdits, nous nous demandons si nous devons le suivre…Un jeune et courageux anglais s’engage. Mais il glisse inévitablement, et douloureusement, le long de la cascade et nous devons l’extirper violemment avant qu’il ne dégringole tout à fait l’intégralité de la chute d’eau. Le kamikaze est livide, et nos cœurs aussi battent la chamade…Il nous a fait une peur bleue ! Prudemment, le petit groupe redescend, et nous rejoignons les autres. Il est l’heure de découvrir Semuc Champey !

Nous marchons vers le pont, le traversons, et, à nouveaux seuls avec Armando, nous grimpons sur un chemin glissant vers le mirador. De là-haut, nous pouvons contempler l’étonnant site de Semuc Champey, « l’eau qui passe au-dessous » en langue maya. La rivière brune que nous voyons en amont, puissante, disparaît en effet sous une magnifique successions de bassins bleu azur, avant de réapparaître au niveau de la grande cascade théâtre de nos émotions un peu plus tôt. Le « pont naturel » est alimenté par de petits ruisseaux qui descendent de la montagne hébergeant notre point de vue. Quelle épatante facétie de la nature !

Bridge over troubled water
Je possède une île, au large du Costa Rica (ça faisait longtemps…)

Nous admirons cette beauté insolite, avant de descendre vers les bassins. En amont, nous regardons la rivière s’engouffrer à toute allure sous nos pieds, dans un étourdissant débit ! Puis nous nageons d’un bassin à l’autre, dans une eau fraîche et claire, jusqu’à la cascade de tous les dangers.

Flush
Le penseur de Grodin
Gemini Cricket

Nous retrouvons Armando, et retournons au pont, pour la dernière étape de notre excursion : nous rejoindrons l’Utopia par voie fluviale, en “tubing”. Roberto nous attend avec trois de ces grosses bouées circulaires. Nous nous installons confortablement, et, à la queue-le-le, entamons notre descente. La navigation est fort agréable, entre petits rapides ludique et observation des martins-pêcheurs.

Collectivo

Nous atteignons l’auberge une demi-heure plus tard, ravis de notre journée. Après une douche chaude, nous nous enquérons auprès de Pia de notre prochaine destination. Pas de shuttle pour Rio Dulce, ce sera donc Flores ! Installés sur la terrasse, nous réservons une auberge là-bas, et regardons les oiseaux s’ébattre dans les grands arbres. La cloche du dîner retentit, et celui-ci, d’inspiration indienne, est de bien meilleure facture que les précédents. Nous nous régalons, puis restons un moment à table, papotant avec la sémillante Pia. Le départ demain est prévu à 7h, nous nous endormons bien vite, alors que la pluie tombe bruyamment sur le toit de l’utopia hostel.

Black bird with the ✌️tail

Mercredi matin, Lanquin. Dans un joyeux bazar, nous attendons notre minibus pour Flores. Un homme bedonnant, manifestement l’aiguilleur du ciel du coin, court dans tous les sens en fourguant les touristes dans les nombreux vans qui transitent ici et là. Plus tôt, nous avons fait nos adieux à la troupe de l’Utopia, où nous avons passé un séjour mémorable. Le chef de gare nous indique du doigt un bus, et nous courrons presque pour l’attraper. De loin, il nous glisse « change in Coban, no problem ! ». Le bus part en effet pour Antigua, mais la moitié des passagers se rend à Flores. Habitués au folklore des transports méso-américains, nous ne nous offusquons pas et prenons place tranquillement là où le groupe de voyageurs israéliens ne s’est pas éparpillé. La confusion est néanmoins totale chez ces derniers, qui haranguent le chauffeur dans un mauvais anglais parsemé de mots en espagnol. Le pauvre homme est dépassé, et je tente de leur expliquer calmement la situation. Mais ils ne m’écoutent pas plus que lui, et continue à déblatérer fébrilement jusqu’à ce que le futé de la bande ait compris la situation. La façon hautaine avec laquelle ils traitent notre conducteur est insupportable. Tout comme le volume sonore…Ils piaillent sans le moindre égard pour les autres passagers. Philosophes, nous espérons que la plupart d’entre eux ne partagent pas notre destination finale. Mais le gros de la troupe se rend aussi à Flores…

Le changement de bus est un sketch totalement absurde. Branle-bas de combat, les imbéciles sont sur le pont ! Ils bousculent violemment tout le monde pour récupérer leur bagages, et se pressent avec tout autant d’agressivité vers notre nouveau véhicule afin de truster les meilleurs places. Affligés, Arlette et moi observons la scène avec un mélange de dépit et d’agacement. Une nouvelle fois assis au fond du bus, inconfortablement, nous sommes ravis d’apprendre que les sous-doués ont réservé à l’hostel Los Amigos, comme nous. Fort heureusement, la frénésie du transfert les ayant fatigué, nous bénéficions d’un calme appréciable pour le reste du trajet. Nous arrivons en fin d’après-midi sur la petite île de Flores, au milieu d’un des bras du lac Petén Itza. L’auberge est vivante, sympathique, et notre chambre minuscule mais confortable. Fatigués du remuant trajet, nous dînons à l’hôtel de hamburgers trop riches. Nous sortons donc pour une promenade digestive. Le tour de l’île nous révèle que Flores est un tout petit bourg, et que l’activité touristique somnole encore. L’auberge aussi est plutôt tranquille, nous laissant ainsi espérer une nuit douce et calme.

Café de Florès

Je vous embrasse !

Julien

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