Vendredi matin, Antigua. Premier petit déjeuner homemade depuis une éternité. Nous traînons sous le soleil qui commence à inonder la petite cour de ses rayons. Puis il est temps pour moi de rendre visite au Docteur Bocaletti. L’homme, affable, est très professionnel. Dans un très bon anglais, il me diagnostique une infection de l’oreille, due sans doute aux eaux contaminées du lac Petén Itza. Nous faisons un brin de causette en italien (la famille du médecin est originaire des Abruzzes), et je file à la pharmacie pour acheter mon traitement. Rassuré, je marche jusqu’au Café Bohème, et m’installe sur la terrasse. Après quelques coups de fils à la famille, je travaille sur le blog un long moment, sirotant du thé ou bavardant avec les propriétaires bordelais.

De retour à la maison, nous échangeons sur nos envies respectives pour notre imminent voyage, établissant une « short list » des lieux à visiter absolument. Puis nous sortons faire des courses pour le dîner. De simple commis je passe provisoirement chef, et j’orchestrerai donc la préparation du bobun. Nous parcourons les travées du marché à la recherche des ingrédients plus ou moins exotiques de la recette. La sauce nuoc nam nous donne du fil à retordre…Nous trouvons néanmoins une « fish sauce » thaï qui devrait faire l’affaire, et retournons à la Casa del Sol, notre Airbnb. Pendant qu’Arlette continue à parcourir le lonely planet du Pérou, je m’affaire en cuisine. La fish sauce est épouvantable, je la remplace donc par la sauce soja. Le résultat final est plutôt satisfaisant, et nous dînons en évoquant Cuzco, Arequipa, ou la cordillère blanche. L’enthousiasme grimpe à mesure que le départ se concrétise…Il se fera d’ailleurs dès Mardi, le temps de régler les formalités, mais aussi de profiter encore un peu d’Antigua !

Samedi matin, Casa del Sol. Matinée studieuse, plongés dans les préparatifs : rendez-vous pour les tests covid, formulaires administratifs, plan de route pour les premiers jours…À la mi-journée, nous sortons dans les rues ensoleillées d’Antigua, et marchons jusqu’au couvent de San Francisco, qui abrite la tombe du Frère Pedro, canonisé par Jean-Paul II en 2002. Les ruines sont magnifiques ! Et quel décor…Derrière les murs effondrés, vallons verdoyants et volcans majestueux étaient déjà là lorsque le bon Pedro faisait le bien des pauvres gens du coin, à la fin du XVIIème siècle. Le musée qui lui est dédié regorge de messages, broderies, et dessins touchants, de fidèles rendant hommage au saint pour les miracles accomplis. La ferveur qu’il suscite est intacte aujourd’hui, et la population d’Antigua a accueilli avec une grande fierté la canonisation de l’hermanito Pedro au début des années 2000.


Nous poursuivons la promenade dans ces rues pavées que nous connaissons par cœur. Un petit passage au Café Bohème pour acheter de superbes tartelettes, et nous sommes de retour chez nous. Scott est volubile, content d’avoir des colocataires un peu plus pérennes que d’ordinaire. La conversation se poursuit pendant le dîner, puis nous nous retirons poliment, laissant le drôle de bonhomme à la cuisson de ses courgettes (les premières de sa vie).

Dimanche matin, Antigua. Au réveil, j’achète les billets d’avion. Nous partons bien pour Lima mardi ! Mais notre joie est perturbée bien vite par des messages d’erreur de la Copa Airlines. Connaissant mon historique chargé avec la compagnie, me reviennent des souvenirs forts désagréables (cf épilogue Équateur…), et la situation génère un stress palpable. Après une heure à user de tous les recours possibles, sans résultat, je me résous à poser mon téléphone. Un petit déjeuner et un peu d’activité physique m’aideront à trouver une solution. Et je ne voudrais en aucun cas manquer ma journée découverte.


Sous un ciel bleu sans nuage, je suis Arlette dans les rues du sud de la ville. À 10h pétante, Pablo nous ouvre les portes du Quboantigua, une salle d’escalade. De « bouldering » pour être plus précis. Sur des murs hauts de quelques mètres, des prises de couleurs, de toutes formes et aux dimensions variées dessinent une multitude de parcours. Sans corde ni baudrier, le bouldering se pratique en toute simplicité. Il suffit de choisir un parcours, selon son degré de difficulté, et de s’élever jusqu’à l’ultime prise en prenant soin de ne toucher que les prises de la « route » choisie. Il faut d’abord enfiler d’affreuses chaussures d’escalade, qui me compriment douloureusement les orteils. J’ai l’impression d’être comme Bourvil dans les mocassins trop étroits du « Kapelmeister » de Funès. Mais, passé ces désagréments, je m’amuse comme un enfant. Suivant les conseils avisés d’Arlette et Pablo, je progresse lentement mais sûrement à travers les parois.

Arlette est heureuse de s’adonner à sa passion, d’autant qu’elle n’a pas grimpé depuis presque deux ans. Experte, elle danse de prise en prise, dans un savant et élégant mélange de force et d’adresse.


Butant sur une séquence récalcitrante, je tombe, me relève, puis essaye à nouveau, jusque je parvienne à accrocher la prise convoitée. C’est épuisant, mais gratifiant ! « Concentration, relâchement, et persévérance » résume Pablo. Vraiment un chouette sport. Je suis rattrapé par le vertige dès que le parcours s’élève un peu trop, mais ça ne m’empêche pas de passer un excellent moment ! Et je suis heureux de le partager avec Arlette, immergés dans son élément.

Lessivés, nous quittons Pablo et son terrain de jeu après près de trois heures de pratique. Je suis heureux et détendu, prêt pour régler nos problèmes avec Copa. Mais je n’aurai pas besoin de le faire. Les billets électroniques m’attendent sur ma boîte mail. Nous partons bel et bien mardi matin ! Autre chose à célébrer aujourd’hui : les 27 ans de ma toute petite sœur Laura. Je suis ravi de la voir en pleine forme derrière mon écran ! Nous passons le reste de l’après-midi à organiser, mais surtout rêver, notre escapade au Pérou. Nous improvisons un dîner avec tous les vivres qu’il nous reste : demain, nous rejoindrons Guate dans l’après-midi, avant de s’envoler le lendemain aux aurores. Nous regardons Jurassic Parc, qui n’a pas plus de rides que ma sœur (27 ans tous les deux), et je ne peux m’empêcher de penser aux nouveaux oiseaux que nous découvrirons au Pérou…

Je vous embrasse !
Julien