Samedi matin, Paracas. Grasse matinée aujourd’hui. Le van qui doit nous mener vers Huacachina ne part qu’à 15h, nous nous levons donc tardivement (8h !), et petit-déjeunons au Café Arena, encerclés de Tours Eiffel. Rien de très parisien dans nos assiettes, mais le café est plutôt bon. Nous passons la matinée à flâner sur le Malecón ou la plage, à regarder avec la même curiosité les touristes et les oiseaux.


Le bus est en retard. Voilà qui compromet nos projets de coucher du soleil en haut des dunes surplombant la petite oasis de Huacachina…Le combi, plein, arrive à 15h30. Nous prenons place et s’engage alors une course contre la montre : le soleil se couche à 18h précise. Problème, le chauffeur ne prend pas la direction d’Ica, la grande ville qui abrite l’oasis, mais bien celle de la réserve. Il doit charger deux touristes qui se sont perdus là-bas. Après une bonne vingtaine de minutes à les chercher, nous les trouvons sur le bord de la route, et ils n’ont pas le temps de s’assoir que notre pilote fonce à toute blinde vers Ica. De son audace dépendra peut-être notre sunset…Mais, alors que nous sommes dans les temps, ça bouchonne sec à l’entrée de la ville. Pire, l’unique route qui mène à Huacachina (à une demi-douzaine de kilomètres d’Ica), est totalement prise d’assaut par des foules de badauds venus voir le soleil disparaître. Qu’à cela ne tienne, nous descendons du bus, et filons au petit trot, nos bardas sur le dos (et le ventre…), dépassant un à un les candidats à l’ascension. Pas le temps de passer à l’hôtel. Il est 17h24. Chargés comme des mules, nous nous engageons sur la dune, alors que derrière nous la plupart ont renoncé. Galvanisés par l’enjeu, nous progressons rapidement malgré nos pieds qui s’enfoncent dans le sable fin à chaque foulée. À mi-parcours, nous sommes trempés de sueur, mais un coup d’œil à ma montre (17h32) invite à l’optimisme. Encore un petit effort ! L’ultime pente, vicieuse et glissante, est bien vite effacée, et nous jetons nos sacs sur l’arrête de la dune à 17h46. We did it !


Devant nous, le soleil rouge descend, dans l’axe de la route empruntée plus tôt. On se croirait à l’intérieur de l’ultime vignette des albums de Lucky Luke. À gauche, le désert s’étend comme une couverture plissée, rosée par les derniers rayons. Derrière nous, les lumières d’Ica, grosse métropole posée entre les montagnes et les dunes. Et juste en bas, l’oasis de Huacachina, minuscule et grotesque. Sur une petite marre vert-marron, des pédalos flottent mollement, promenant des touristes paresseux. Autour, quelques palmiers ont survécu, conservés uniquement pour décorer le Malecón faisant le tour du « lac ». De l’autre côté de la promenade, des bâtiments faits à la va-vite, aux devantures clinquantes faisant office de cache-misère.


Assis dans le sable, nous profitons du spectacle, en regardant une bande de gamins dévaler la pente en roulé-boulé. Challenge accepted. À tour de rôle, Arlette et moi nous jetons tête en avant vers l’aval de la dune. Ce qui nous vaut, outre le respect de nos camarades de classe, un sacré tournis et des quantités astronomiques de sable à l’intérieur de nos vêtements. Mais ça valait le coup.



La nuit tombe sur Huacachina, ce petit Disneyland des sables. Nous dévalons la pente jusqu’à l’oasis, vidons les quelques litres de sables de nos chaussures, et traversons le Malecón jusqu’à l’Hostel Boulevard. L’endroit est bondé de touristes locaux, et y résonne la traditionnelle cacophonie aux accents reggaetoniens. Amusant ! Notre chambre, malgré un soin prononcé, se transforme vite en petit Sahara. Dessablés, nous sortons dîner dans l’un des quelques restaurants du pueblo, choisissant le moins bruyant. Nous attendons trois quarts d’heure des pizzas immangeables, et rentrons bien vite nous coucher, en attendant de doux rêves bleus dans ce pays des milles et une nuits miniature.


Dimanche matin, Huacachina. La salle à manger de l’Hostel Boulevard, qui est en fait un bar, aurait pu figurer dans « Boulevard de la Mort» de Tarantino. Assis dans des fauteuils en skaï aux motifs de l’union jack, nous petit-déjeunons sur une table basse en Formica, sous des mauvais posters de James Dean et Marylin Monroe. Nous restons un moment dans cette atmosphère feutrée au rabais, afin de trouver un logement à Arequipa, notre prochaine ville étape. Nous buvons ensuite un vrai café au soleil, sur la terrasse de l’établissement voisin, et papotons jusqu’à la fin de matinée.

Puis, armés des sandboards totalement décrépis empruntés à l’hostel, nous escaladons à nouveau les dunes de Huacachina. Mais vers le Sud cette fois, là où la pente est plus raide. Je donne des conseils inutiles à Arlette, encore novice en glisse, nous prenons position sur nos planches, sans fixations aucunes, et attaquons la descente. Les premiers essais sont catastrophiques. Mais à force d’abnégation, nous parvenons à réaliser une paire d’honorables descentes.




Le sable incrusté dans nos vêtements, ou collé à notre peau à mesure des suées pour regagner le sommet (pas de remontées mécaniques ici), nous nous dirigeons vers l’auberge. En chemin, Arlette repère une magnifique piscine dans un bel hôtel au pied de la dune. Nous tentons un joli bluff et nous voilà bientôt assis dans la piscine, accoudés au bar, à siroter une limonade, nos bagages bien rangés dans la consigne de l’hôtel ! Une belle manière de tuer le temps en attendant notre bus de nuit, qui partira d’Ica à 19h.

Après un bon bain de soleil, nous sautons dans un tuk-tuk pour la gare routière, croisant au passage les hordes de touristes venant à leur tour admirer le coucher de soleil. Nous dînons dans une polleria locale, et après quelques sketches covid-related, nous prenons place dans le bus première classe pour Arequipa. 13 heures de voyage nous attendent, mais nous sommes une nouvelle fois remarquablement installés ! Je m’attaque à la rédaction des nombreuses journées en retard de mon journal, me replongeant ainsi avec plaisir dans le début de nos aventures péruviennes.
Je vous embrasse !
Julien