Lundi matin, Arequipa. L’excitation monte. Demain, nous partirons à la conquête de notre premier “6000”. Une ascension de nuit à si haute altitude, sans guide, ça se prépare. Ainsi, notre matinée est occupée toute entière à organiser notre transfert vers le camp de base du Chachani, louer le matériel manquant (notamment un sac de couchage chaud pour Arlette), et faire le plein d’eau et de vivres pour l’aventure. Nous reprenons également nos quartiers au Foyer, tant la vue sur la montagne si désirée nous manquait.

Vers midi, nous savourons un double espresso au Ristreto Café, heureux d’avoir réglé les détails de notre expédition. De retour à l’auberge, je travaille sur le blog, en jetant quelques regards gourmands sur le Chachani. Plus tard, nous sortons nous balader dans les rues toujours ensoleillées d’Arequipa. Nous dînons d’un plat de pâtes honnête sur la jolie terrasse du Pasta Canteen, puis rentrons faire le plein de sommeil. Demain, un 4×4 passera nous prendre à 8h, pour nous conduire au bout d’une route sinueuse, aux portes du Chachani…


Mardi matin, Hostel Le Foyer. Je n’ai pas (ou très peu) fermé l’œil de la nuit, trop excité par l’épreuve à venir…Mais l’adrénaline compense le manque de sommeil, et je me sens plein d’énergie. Nous prenons un petit déjeuner rapide avec vue sur le Chachani, et rejoignions notre point de rendez-vous.

Juan Carlos, notre chauffeur, est légèrement en retard. Mais rien ne presse puisque notre seul impératif est d’atteindre le camp de base avant l’approche de la nuit, après deux heures de route et deux autres de marche. Volubile, Juan Carlos s’exprime dans un anglais parfait. Après quelques minutes, je reconnais l’homme : nous l’avons croisé, et échangé quelques mots avec lui dans la descente de Sangalle ! Le monde est si petit. Sa belle famille possède un hôtel dans l’Oasis, et il y guidait une famille de Lima lorsque nous l’avons vu là-bas. Intarissable, mais passionnant, il nous raconte son incroyable vie, son départ aux États Unis à 17 ans, ses quinze ans de service dans la police militaire américaine, et sa vie d’entrepreneur dans sa ville natale, depuis son retour il y a trois ans. Officier de carrière, il revient aussi sur certains épisodes tragiques de ses années en Afghanistan, qui ont coûté la vie à 36 de ses hommes, et lui ont valu une « honorable discharge » en raison de ses nombreuses blessures. Mais le nouveau papa n’a rien perdu de son goût pour la vie, et profite de son pays, et de son fils, en attendant un retour aux States.

Le trajet passe ainsi à toute vitesse. Nous effectuons quelques arrêts, à mesure que la route grimpe, afin de nous acclimater petit à petit à l’altitude. Ces pauses sont l’occasion d’admirer le paysage, mais aussi les vigognes et guanacos qui gambadent dans le paramo.

Vers 11h, Juan Carlos arrête son Land Cruiser hors d’âge devant un fabuleux paysage violet, fauve, et blanc. Les roches volcaniques s’entassent sur le flanc de montagnes aux sommets recouverts de neige. Nous sommes à 5000m d’altitude, le soleil chauffe durement alors qu’un léger vent glacial semble infiltrer nos os. L’oxygène manque, et le moindre pas nous met hors d’haleine. Le camp de base est visible, si près. Mais dans ces conditions il nous faudra près de deux heures pour l’atteindre…


Juan Carlos attend pour sa part le quatuor déposé ici même la veille, trois randonneurs suisses et leur guide, et nous conseille d’attendre avec lui, afin d’obtenir les dernières nouvelles du front. A voir les visages marqués (l’un des helvètes ayant l’air au bord du malaise…), on devine que l’ascension n’a pas été une partie de plaisir…Mais on perçoit dans leurs yeux fatigués une lueur de fierté, un sentiment d’accomplissement.

Pas de recommandations particulières, si ce n’est de s’armer contre le froid. Nous saluons chaleureusement Juan Carlos, qui nous donne rendez-vous le lendemain à 13h, et nous mettons en route. Nous progressons lentement, cherchant notre souffle, non sans profiter du paysage. Comme ces étranges choux géants qui colorent la montagne caillouteuse de jolies tâches vert pâle.

Au milieu du parcours, le sentier disparaît, recouvert d’une épaisse traînée de grosses pierres. La traverser s’avère un challenge de taille, chaque impulsion nous coûtant un léger emballement du rythme cardiaque. Nous prenons notre temps, et retrouvons le chemin une fois la dernière roche franchie. La fin est plus douce, et nous arrivons au camp dans un état convenable, bien que déjà éprouvés. Nous montons la tente à l’abri du vent derrière une petite muraille de pierre, et reconnaissons les lieux, notre domaine que nous ne partageons qu’avec de petits tyranets. À 5200m d’altitude, le camp, dont les seules infrastructures sont quelques chétifs murets et une tente de secours un peu plus bas, est situé au pied d’une pente sableuse jaune et grise. On y devine le sentier qui monte en lacets. Le sommet du Chachani n’est pas visible, il se trouve derrière ces premières montagnes, quelques 900m plus haut.


Le vent tombe, et nous en profitons pour faire une courte sieste au soleil, dans ce paysage lunaire. Vers 16h, je commence à m’atteler au dîner, avant que le soleil ne se cache, laissant la place à un froid polaire. Mais alors que j’installe le réchaud, je découvre que l’altitude a eu raison de mon briquet, d’où ne sort pas la moindre étincelle. Je tente de le ramener à la vie, tandis qu’Arlette descend vers la tente de secours, dans l’espoir d’y trouver des allumettes. Mes efforts portent leurs fruits et j’en averti Arlette. Mais la jeune femme est déjà à mi-chemin et décide de poursuivre sa mission. Avec sa démarche ralentie, et dans ce paysage martien, on croirait voir un cosmonaute qui rentre à la base. L’expédition, fructueuse puisqu’elle a trouvé un paquet d’allumettes, lui a coûté un gros mal de tête. Las, nous avalons sans plaisir nos nouilles chinoises, et nous réfugions dans la tente alors que le froid envahi le camp.

Bien au chaud dans nos duvets de compétition, nous tentons de trouver le sommeil à cette heure insolite, alors que je commence à ressentir moi aussi un étau invisible serrant douloureusement mes tempes…Je ferme les yeux, et sombre dans un état intermédiaire, entre éveil et sommeil, à la limite du délire. À 21h, la migraine me fait affronter le froid pour chercher, à bout de force, un comprimé d’ibuprofène. Que je partage avec Arlette, qui souffre elle aussi en silence depuis des heures. De nouveaux blotti au chaud, j’attends patiemment que le médicament fasse effet, mais le marteau qui tambourine derrière mon œil gauche continue son œuvre. Vers 23h, alors que le réveil sonnera dans deux heures, au bord de la nausée et entre deux délires (dès que je ferme les yeux, je me trouve au milieu d’un marché où les commerçantes me haranguent de toutes parts pour me vendre des objets et mets insensés…), je commence à me dire que je vais peut-être devoir renoncer. Curieusement apaisé par cette sombre pensée, je finis par m’endormir, malgré le brouhaha des marchandes qui résonne dans ma tête.

Mercredi matin, camp de base du Chachani. Les douces percussions d’Abusey Junction me tirent d’un sommeil agité. La migraine semble tapie dans un coin de mon cerveau, prête à resurgir à tout moment mais me laissant pour l’heure un répit miraculeux. Nous nous enquerrons avec Arlette de nos états mutuels, et convenons que malgré une forme pitoyable, nous avons suffisamment de force pour tenter l’ascension. Nous parvenons au prix de longs halètements à nous hisser hors de nos sacs de couchage. Nous enfilons nos chaussures, en découvrant un merveilleux ciel étoilé, sans lune. Lampes frontales serrées par dessus nos bonnets, engoncés dans six couches de vêtements, doubles paires de gants aux mains, nous partons à l’assaut du Chachani. Le visage bouffi, les yeux brûlants de fatigue, et le souffle court, déjà, nous progressons à pas minuscules sur la pente sablonneuse. Dès les premiers lacets, je suis envahi d’une folle et sournoise euphorie : mon crâne ne me fait plus souffrir, et la montée me parait pour l’instant indolore. Arlette peine à trouver son souffle, mais, courageuse, la randonneuse émérite continue à mettre un pied devant l’autre. Le sentiment d’invincibilité disparaît bien vite, lorsque je commence à sentir mes orteils se rigidifier. L’altitude assassine a choisi son arme: mon ennemi ne sera pas ma tête, ni mon cœur, mais le froid. Dès lors, l’ascension devient un chemin de croix. Et un cercle infernal s’installe : pour lutter contre l’engourdissement complet de mes extrémités, je suis contraint d’exécuter des mouvements violents pour stimuler ma circulation sanguine. Ce qui me coûte beaucoup d’énergie, et je sens la migraine prête à sortir de sa cachette à tout moment. Pendant ce temps là, Arlette avance toujours, sans geindre, alors que l’épuisement la guette.

Nous perdons le sentier, et un coup d’œil au GPS provoque un ascenseur émotionnel dévastateur. Pour retrouver le chemin, nous devons grimper une pente abrupte, énergivore. Mais le GPS nous indique aussi que le sommet n’est plus très loin ! Ragaillardis, nous faisons les efforts pour nous remettre sur les rails. Mais une fois remis en selle, l’impatience nous rattrape. Les lacets s’enchaînent indéfiniment, sans que nous entrevoyons la ligne d’arrivée. Le froid a désormais paralysé l’intégralité de mes pieds, des orteils aux talons. La moindre flexion de la plante ou des orteils me cause une douleur lancinante. À quatre reprises, nous pensons toucher du doigt le graal, mais ces mini sommets s’avèrent autant de leurres. Dans un état déplorable, nous voyons arriver, comme un espoir, les premières lueurs orangées du jour. Mais un vent glacial et violent balaye nos illusions, et nos corps. Nous traversons quelques névés, les briques qui me servent de pieds me faisant trébucher plusieurs fois, alors qu’Arlette prend le lead de l’expédition, distillant des encouragements silencieux.

Je la vois bientôt, éclairée par les premiers rayons, en haut d’une petite butte enneigée qui pourrait bien être le sommet…Je là rejoins vite, pour constater que l’arrivée se trouve de l’autre côté d’un champ de neige glacée. Épuisé, meurtri, pétri de froid, et en même temps émerveillé par le paysage, je suis tout à coup submergé d’émotion. Je fonds en larme, comme un enfant, à bout de force. Le vent transforme mes larmes en poignards miniatures qui me lacèrent les joues. Arlette est elle aussi au bord de l’explosion, mais tient bon. Pas de temps à perdre, le blizzard ne nous autorise pas l’arrêt. Et pas question de faire demi-tour, si près du but. Quelques derniers efforts nous portent jusqu’à la petite croix de fer qui marque le sommet du Chachani, à 6075m d’altitude.

Les yeux mouillés, nous tombons dans les bras l’un de l’autre, en riant nerveusement. We did it ! Le paysage est indescriptible, d’une beauté rude et fantastique, de celle dont on fait les rêves. De si haut, on voit, encore dans la pénombre, le paramo s’étendre à perdre de vue, et ses quelques volcans aux toits enneigés caressés des lueurs de l’aube. Une immense ombre triangulaire se dessine à l’ouest. Dans mon délire, je crois reconnaître le fantôme d’El Misti flottant dans une brume magique. Mais nous ne sommes pas dans Pirates des Caraïbes et cette image invraisemblable est en fait l’ombre du mythique volcan ! Jamais je n’avais vu si incroyable jeu de lumière !

Le sommet est ouvert à tous les vents, et nous ne pouvons admirer la vue qu’une paire de minutes, au risque de défaillir. Arlette parvient malgré ses doigts gelés à sortir le téléphone de sa poche. Mais au moment où elle clique sur l’appareil photo, l’iPhone rend l’âme, le froid ayant eu raison de la batterie. Qu’importe, le moment est immortalisé à jamais dans nos mémoires. Vite, nous retraversons le champ de neige et nous hâtons de retrouver un terrain moins venteux.

Enfin à l’abri, nous nous arrêtons un moment, tentant de capter la chaleur du soleil naissant. Mais Arlette tremble de froid, et nous décidons qu’il est préférable d’atteindre le camp au plus vite, afin de se calfeutrer dans la tente, avec un thé chaud. La descente est nettement moins éprouvante, même si le sang qui revient peu à peu dans mes doigts et mes orteils me brûle péniblement.

Le camp en vue, me voilà à nouveau gagné par cette vicieuse euphorie. Et je dévale la pente bien trop vite, oubliant les précautions d’usage à ces altitudes. J’entraîne Arlette dans ma stupide cavalcade, et nous sommes bien vite au camp. Mais bien vite aussi rattrapés par les maux de tête. Un court répit nous est néanmoins octroyé, pour célébrer dans un sourire ému notre accomplissement du jour.

Ensuite, comme assommés, nous retombons dans ce demi-sommeil délirant, Arlette au chaud dans son sac de couchage, moi allongé contre une pierre. La sieste me fait du bien, et je marche un peu autour du camp, essayant de recouvrer peu à peu mes esprits. Le contre-coup est plus violent pour Arlette, qui souffre dignement après avoir fait preuve de tant de vaillance dans la quête du sommet. À contrecœur, je la réveille doucement. Nous avons encore un peu de marche avant de retrouver Juan Carlos à 13h au pick-up point. Le démontage de tente est une épreuve, mais après trente minutes le camp est levé et nous nous mettons en route, péniblement. « I feel like I’m having a gigantic hangover » glisse Arlette à mi-parcours. Nous avons hâte de retrouver des altitudes plus clémentes, ce qui devrait atténuer les nausées…

Nous arrivons au point de rendez-vous à 12h45, mais n’y trouvons pas de Juan Carlos. À sa place, un petit homme énervé nous ordonne de sauter dans le 4×4 séance tenante, sans égards pour notre état. Interdits, nous nous exécutons. Je parviens difficilement à déchiffrer son espagnol haché, afin de comprendre la situation. Juan Carlos a été retenu par son fils malade, et a donc envoyé un remplaçant. Mais l’homme peu amène nous attend depuis trois heures, et panique puisqu’il a un deuxième groupe à aller chercher dans la foulée. Je lui fait comprendre que nous étions à l’heure au rendez-vous fixé et que nous ne sommes en aucun cas responsables de la situation. Le chauffeur s’adoucît et entame la conversation. Heureusement celle-ci se tarit bien vite et nous pouvons nous reposer, reprenant des couleurs à mesure que la voiture descend vers la ville.
Notre « gueule de bois » a disparu comme par magie à notre arrivée au Foyer. Ne reste qu’une grosse fatigue, et le sentiment d’avoir vécu une expérience exceptionnelle. De la fierté aussi, que c’était dur ! Les conditions extrêmes, nuit, froid, vent, manque d’oxygène, ont rendu l’ascension si difficile ! Mais elles ont aussi donné une saveur particulière à cet exploit ordinaire, et nous en tirons une joie intense. Du toit terrasse, nous regardons le Chachani, nous répétant sans trop y croire que nous étions tout en haut il y a quelques heures…

Nous résistons a l’appel de nos lits, afin de récupérer un rythme plus naturel, et filons au Ristreto Café pour un déjeuner léger. Repus, nous regagnons l’auberge. En sortant d’une magnifique douche chaude, je réalise que le bout de mes doigts et de mes orteils est encore insensible, séquelles bien maigres laissées par le froid de notre nuit d’aventures. Le reste de l’après-midi est dédié à quelques taches organisationnelles, ainsi qu’à la lutte contre l’endormissement. Nous sortons dîner, pénétrant au hasard dans un restaurant italien. Le patio est joli, et la pizza médiocre, dans la lignée des précédentes. Épuisés, mais sur notre nuage, nous nous écroulons enfin sous nos couvertures, à l’issu de ce jour le plus long à la conquête du Chachani.

Jeudi matin, Arequipa. Je me réveille en pleine forme, après une formidable nuit de sommeil ! Nous revoilà pour la énième fois sur le rooftop du Foyer, à paresser à la table du petit déjeuner, en admirant le Chachani, encore plus familier aujourd’hui. À 11h, nous partons à nouveau en quête de sensations fortes, mais toutefois moins extrêmes. À nous les rapides du Rio Chili ! Arlette va découvrir pour la première fois les joies du rafting. Enthousiastes, nous grimpons dans le van de José, chargeons une paire de jeunes péruviennes plus-millenials-tu-meurs, et un grand gaillard vénézuélien, calme et souriant. Santiago, pilote en chef, nous briefe à notre arrivée dans les locaux de Kanuwa Rafting, et nous distribue notre équipement. Une combinaison en néoprène est indispensable pour affronter les eaux glaciales du Rio Chili, auquel elles donnent d’ailleurs son nom (Chili signifie froid en langue Quechua). Autour de Santiago, une joyeuse bande de rafters nous accompagnent à la rivière, dans une bonne humeur contagieuse. Nous prenons place dans le canot, à l’avant, avec un jeune apprenti guide et Santiago à la manœuvre. Le jeune homme, qui a opéré à Baños et en Italie, est énergique, drôle, mais dégage une impression de maîtrise et de sécurité. Après quelques explications rudimentaires sur les commandes, nous voilà parti sur le rio. La rivière est superbe, son cours est puissant et clair, et son lit est encaissé dans un petit canyon de roches gris clair. Colibris et hirondelles virevoltent au-dessus des flots, tandis que les canards s’envolent à notre passage.


Le premier rapide donne le ton : l’eau est froide, très froide ! Revigorante aussi. La navigation est sportive et ludique. Parfois le canyon se ressert, et nous franchissons le goulot calfeutrés dans le canot, aspergés d’eau glacée, alors que le virtuose Santiago fait son œuvre.


À la sortie d’un de ces étroits couloirs, notre capitaine immobilise le raft et nous propose un saut d’une demi-douzaine de mètres dans les eaux fraîches du Chili. Nous acceptons évidement le challenge, et escaladons de gros rochers lisses jusqu’au plongeoir. Arlette s’exécute sans trembler, et je saute à mon tour. Le froid me coupe la respiration, et je nage en hâte jusqu’au canot afin de m’extraire de ce bain glacé. Nous rions de bon cœur de cette sensation vivifiante, autrement plus agréable que les engourdissements douloureux du Chachani.


La suite du parcours se déroule sur le même rythme, et dans la même atmosphère de cour de récré. Sur les bords de la rivière, quelques pêcheurs soulèvent leurs lignes à notre passage, manifestement habitués au défilé des pneumatiques jaunes. Quelques enfants pataugeant dans le rio nous font signe en rigolant. Le soleil illumine l’ensemble et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Nous accostons sur une petite plage, et retrouvons José pour la photo finish, avant de retourner à l’agence. Avec Santiago, nous discutons un moment de Baños, haut lieu du rafting en Equateur, puis la conversation dérive sur la gastronomie. À la question : quels mets péruviens nous recommandes-tu ? Le jeune homme répond « Chicken breast ». Sic. « With mayonnaise or ketchup, as you prefer ». Re-sic. Sur ces considérations gourmettes, nous saluons la troupe et José nous dépose à l’auberge. On s’est bien amusé ! Et Arlette semble ravie de son baptême. Peut-être nous offrirons nous une nouvelle session plus loin sur le parcours ?
Je passe un moment à travailler sur le blog, pendant qu’Arlette étudie les itinéraires de randonnée dans la région de Cuzco. Vers la fin d’après-midi, nous partons en balade. Nous réservons une table au 13 Moncas, une institution d’Arequipa, puis nous dirigeons vers une autre attraction insolite. Le casino d’Arequipa est sombre, glauque, et peu animé. En somme il ressemble à la plupart des casinos. Je découvre néanmoins que les bandits-manchots ont disparu, remplacé par de clinquantes machines au tout-digital. Nous essayons de repérer la moins compliquée, puis nous installons sur les sièges en skaï. Complètement perdus devant la complexité des combinaisons possibles, nous nous contentons d’appuyer à intervalles réguliers sur le bouton « Jugar ». Nous subissons ainsi la partie, ne comprenant jamais pourquoi nous gagnons les rares fois où notre jauge de crédit augmente. C’est absurde, et drôle aussi. Nos 50 soles (10€) tiennent tout de même une bonne demi-heure, mais nous repartons bredouilles (et hilares) de ces salles obscures.

Nous allons noyer notre déception dans l’excellente bière du Chelawasi, où notre table attitrée nous attend. Nous passons encore un joyeux moment dans notre QG, enivrés par la bière mais surtout par les émotions fortes des derniers jours. Nous honorons ensuite notre réservation au 13 Monjas, un drôle d’endroit qui sert des lasagnes traditionnelles et de la Delirium Tremens en pression. Rattrapés par la fatigue, nous clôturons une agréable et heureuse journée par une ballade digestive dans les rues d’Arequipa.
Je vous embrasse !
Julien