Pérou – Étape 11: Nasca

Mardi matin, Cusco. Malgré une volonté farouche de grasse matinée, nous sommes tous deux éveillés bien avant 6h. William l’avait prédit : le rythme militaire acquis dans la jungle ne s’estompera pas avant quelques jours…Nous en profitons pour prendre toute une série de billets de bus. De Cusco à Nasca, d’abord, puisque les fameuses lignes sont sur la route de Lima, et qu’il serait dommage de les manquer ! Puis de Nasca à Lima, où nous ne resterons que quelques heures avant de sauter dans le bus de Huaraz et ses cordillères vertigineuses, notre ultime destination au Pérou. Plus de 30h de bus en trois jours, mais avec une jolie escale au milieu ! Réservations faites, Arlette prépare un petit déjeuner qui n’a rien à envier aux merveilleuses collations de Bernardino, et je m’attelle à la publication d’articles. Dans l’après-midi, nous sortons prendre l’air, et passons au marché pour le festin du soir. Nous trinquons à notre épopée junglesque, et aux aventures montagnardes qui nous attendent au Nord…

Edwin le Hobbit

Mercredi matin, Cusco. Un coucher plus tardif n’y a rien fait. Nous sommes debout aux aurores, poursuivis par la malédiction des shamans du Manù. Nous en profitons pour étudier la faisabilité du Huayhuash Trek, boucle de 8 – 10 jours dans la cordillère du même nom. La description de l’itinéraire, qui serpente entre lagunes turquoises et glaciers perchés à 6000m, nous emplit d’impatience…Mais une belle journée nous attend à Nasca, et nous filons prendre notre bus de nuit avec enthousiasme. Nous quittons notre si cher appartement, et déjeunons au Café Panam, dont l’accueil chaleureux compense largement la médiocrité des pains aux raisins.

Le départ du bus de nuit est à…15h30. Ce qui me laisse le loisir de commencer la rédaction de notre séjour aventurier, avant de regarder un énième thriller où Liam Nielson sauve la partie, et d’essayer de trouver le sommeil, confortablement installé dans mon fauteuil premium. Nous quittons ainsi Cusco et ses merveilles, pour mieux se retrouver dans quelques années, qui sait !

Jeudi matin, Nasca. 6h30. La petite ville perdue au milieu du désert est encore endormie. Seul Manuel est sur le pont pour tenter de nous vendre des billets pour survoler les fameuses lignes de Nasca. Ces sillons gigantesques aux formes enfantines vieilles de 2500 ans, sont depuis plus d’un siècle le sujet de passions quant à leur origine. Et nous comptons bien les admirer du ciel ! Mais pour l’heure, c’est d’un petit déjeuner dont nous rêvons. Trouvant portes closes de la rue commerçante à la plaza de armas, nous parvenons tout de même à obtenir une sommaire collation à notre hôtel. Pas tout à fait repus, nous prenons un taxi pour le petit aérodrome de Nasca. Là, un escadron nous fond dessus, et sans comprendre ce qui nous arrive nous nous retrouvons cinq minutes plus tard, pesés et billets en main.

Flagada Jones

L’avion possède six minuscules sièges en plus de ceux des pilotes et co-pilotes. J’ai l’impression de prendre place aux côtés de François Perrin dans le coucou survolant la jungle à la recherche de « la petite Benz ». Mais nous partons plutôt à la chasse aux animaux. Ou à la pêche d’abord, puisque c’est une baleine que nous apercevons en premier. C’est si étonnant de découvrir ce dessin géant, dont le croquis aurait pu être réalisé par mon petit neveu (6 ans aujourd’hui !), mais dont la réalisation a dû nécessiter un vrai savoir-faire. Et surtout pourquoi s’être donné la peine de tracer ses interminables lignes dans le sol poussiéreux du désert ? Un débat qui anime les spécialistes depuis des décennies ! Et qui rend le vol palpitant…Après la baleine, l’araignée, puis le singe, avec entre les deux un drôle de bonhomme aux airs de E.T. baptisé « le cosmonaute ».

Téléphone Maison
Tarentule
Banga orange

Les oiseaux ne sont pas en reste, puisque les artistes ancestraux ont réalisé un colibri, un condor, et même un héron ! Et toutes ces figures sont reliées entre elle par un impressionnant réseau de lignes !

The dart bird
Les plumes carrées, pourquoi pas ?

Attraction numéro 1 dans la région, on se doute que l’engouement pour ces mystérieuses marques du passé est relativement récent : une autoroute coupe la queue du lézard…

Tkt, ça repousse
Francois Damiens – Le Tatoueur

Lorsque notre coucou passe d’une vignette à une autre, j’en profite pour zieuter le paysage, ses collines caillouteuses aux innombrables plis, rappelant la présence pas si lointaine de l’océan sur ces terres arides…

Île déserte
Alt-J

L’atterrissage se déroule sans encombre, et nous traversons le tarmac de poche, sourire aux lèvres. Un taxi nous dépose à l’hôtel, juste à temps pour le call familial programmé à l’occasion de l’anniversaire de mon filleul Nathanael. 6 ans déjà le petit père ! Bon anniversaire de l’autre bout du monde !

Spirales
Top Guns

Après ces réjouissances, nous travaillons à l’organisation de notre séjour à Huaraz. Puis, en fin d’après-midi d’une journée déjà longue, nous sortons dîner en ville. Après un repas honnête, pris à côté de jeunes voyageurs français rigolos, nous faisons un crochet par la fête foraine qui sévit à la périphérie du patelin. L’endroit est à moitié désert, mais ne manque pas d’attractions. Nous laissons de côté les manèges douteux (nous avons survécu au coucou péruvien, et ne souhaitons pas pousser plus loin notre chance…), et nous dirigeons vers les stands de tir. Nous manquons de justesse le 5/5, et la fort convoitée peluche toucan qui allait avec, et devons nous contenter d’un Rubik’s cube de contrebande. Hilares, et épuisés, nous regagnons notre chambre, heureux de cette escapade juvénile à Nasca.

Luna Park
Ici c’est moi qui fait la loi, alors faites pô ch-er

Vendredi matin, Nasca. La nuit a été douce, et nous sommes reposés, prêts à affronter une journée et une nuit en bus. Après un nouveau sommaire petit déjeuner, nous gagnons, à pied, la gare routière de Nasca. Installés à l’étage juste au dessus du chauffeur, nous disposons d’une vue panoramique sur le désert qui s’étale presque jusqu’à Lima. Je profite de la route pour une fois dénuée de nauséeux lacets pour écrire. Nous faisons un arrêt express à Paracas pour prendre quelques passagers, plus d’un mois après notre séjour ici. Que d’aventures depuis !

Arrivés à Lima, nous laissons nos bagages à la consigne et nous mettons en quête d’un restaurant. Nous déambulons dans les artères vides d’un centre commercial non loin de la gare. À notre surprise, El Bodegon, le restaurant prisé de Miraflores dont nous avions été recalés deux fois, possède une antenne dans le “mall”. Ironie du sort, l’endroit est désert. Nous prenons place en riant, et étudions la carte. Malgré notre niveau décent d’espagnol, nous n’identifions rien de connu dans les mets proposés au compliqué menu. Nous choisissons ainsi chacun un plat au hasard, sans réagir outre mesure au regard circonspect du serveur lorsque Arlette énonce son choix. Le garçon revient vingt minutes plus tard, déposant devant moi un appétissant plat de boulettes de viandes, et devant Arlette une gigantesque assiette d’odorants abats. On ne gagne pas à tous les coups…La téméraire jeune femme refuse d’abord mes boulettes, décidée à assumer son choix. Je la regarde se débattre péniblement avec ces caoutchouteux morceaux d’entrailles baignant dans une sauce maronnasse. Puis nous éclatons de rire, et Arlette se résout à goûter à mon plat. Nous commandons des déserts qui s’avèrent abominables, et le dîner s’achève en fou rire, avec les sourires complices du serveur qui avoue détester lui aussi les abats. Pas vraiment satisfaits par le contenu de notre repas, mais ravi du joyeux moment partagé au ronflant Bodegon, nous regagnons la gare routière et grimpons dans le bus pour Huaraz. Je m’installe en regardant d’un œil inquiet le groupe de bruyants péruviens prenant place à nos côtés…

Tripes trip

Je vous embrasse !

Julien

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