Mardi matin, Huaraz. Le bus pour Chiquian ne part pas avant 14h, nous jouissons ainsi d’une matinée tranquille. Après le petit déjeuner, nous préparons nos paquetages. Nos sacs bouclés, nous prenons respectivement nos billets pour les US et l’Allemagne, et allons déjeuner au California Café. Le bus nous dépose à Chiquian vers 16h30, au cœur d’une jolie vallée verte et or. Le plan est de passer la nuit dans la petite ville, et de rejoindre Llamac, le début du parcours, tôt dans la matinée demain. Nous posons ainsi nos affaires dans un charmant petit hôtel, et retournons sur la place d’armes, afin d’y sécuriser notre transport du lendemain. Une formalité. Sauf que non. La compagnie du combi supposément journalier nous annonce que le prochain départ est dans trois jours, sans nous proposer d’autre alternative. La seconde compagnie est plus serviable, mais pas plus efficace. La troisième nous parle d’un collectivo partant tous les jours à 17h, son collègue nous confirmant que le véhicule a quitté la place quatre minutes auparavant puisqu’il est 17h04. Intéressant. Taxi ? demandons-nous à la gentille dame. Mais un regard sur la place lui fait dire que la paire de chauffeurs du village est soit en vadrouille, soit à la sieste. Interdits, nous errons sur le Zocalo comme deux âmes en peine, tentant d’établir des scénarios de rechange.

Un petit homme au large chapeau s’approche de nous, l’air concentré. « Le bruit court que vous cherchez un moyen pour rejoindre Llamac, verdad ? Je peux sans doute vous aider ». Fidel possède un hostel à Llamac et cherche lui aussi à rejoindre la bourgade. Il appelle une de ses accointances, et nous affrète en un tournemain une voiture pour le lendemain 7h00. Pour un prix exorbitant, loi de l’offre et de la demande oblige. Par ailleurs, il nous conseille de profiter du taxi pour débuter notre randonnée à Matacancha, nous épargnant ainsi une journée de marche sur une route poussiéreuse. Nous sommes heureux d’être tirés d’affaire, et remercions chaleureusement notre bienfaiteur. Il nous fait promettre de nous arrêter dans son auberge à la fin de notre boucle, ce dont nous convenons avec plaisir. Soulagés, nous prenons une table dans le meilleur (et unique) restaurant du patelin, et dînons d’un honnête plat de poulet (spécialité péruvienne aurait dit Santiago). Repus, nous regagnons notre chambre d’hôtel, afin d’y glaner le repos nécessaire à l’aune d’une magnifique et éprouvante épopée.
Mercredi matin, Chiquian. 7h. Notre chauffeur est ponctuel. Fidel aussi. Le malin petit homme profite de nos pérégrinations pour voyager gratis, grand bien lui en fait. Affable, il fait la conversation alors que nous serpentons le long d’une étroite et jolie vallée. Nous le laissons à Llamac, prenons date pour dans huit jours, et reprenons la route jusqu’à Matacancha. La vallée s’élargit, et, haut dans le ciel, une demi-douzaine de condors voltigent autour d’un imposant roc noir.

La voiture nous dépose dans un páramo entourée de montagnes grises aux sommets légèrement saupoudrés de neige. On devine au nord le sentier qui mène à un premier petit col. Il est 9h et l’endroit serait désert sans un groupe d’une dizaine de marcheurs partis juste devant nous. Nous grignotons un petit encas avant d’entamer la marche à notre tour, en regardant les muletiers de nos acolytes ficeler provisions, tentes et bonbonnes de gaz sur le dos de placides bourriques.


Nous nous mettons en route, sous le soleil, alors que du fond de la vallée de sombres nuages menacent. Nous rattrapons bien vite un couple de quadragénaires israéliens, qui font eux aussi le trek en solo. Finement organisés, suréquipés, ils ont tout prévu. Sauf le papier toilette. Parce que nous sommes deux âmes charitables, nous leur cédons un rouleau du précieux tissu, allégeant ainsi nos lourds bardas d’une bonne dizaine de grammes. Plus loin, nous faisons la connaissance de Darwin et sa bande. Le bien-nommé Darwin est guide de haute montagne, et sera chargé de mener ses cinq compagnons à travers la cordillère Huayhuash. Il y a parmi eux Jan et Ricardo, souriants compatriotes d’Arlette, de Karlsruhe, Cody, surfeur du Tennessee, Stephan, photographe amateur du Washington, et Alex aka « baby face », le jeunot californien de la bande. Nous apprenons qu’ils suivent quasiment le même itinéraire que nous, nous aurons donc le plaisir de les retrouver presque tous les soirs aux camps.

Nous passons la joyeuse bande et atteignons le premier col du circuit, à 4700m d’altitude, alors que le ciel se couvre d’une épaisse couche de nuages gris. Nous nous accordons un “french break”, fait de pain et de fromage, quand surgit de nulle part un magnifique condor. La bête majestueuse tourne à une vingtaine de mètres à peine de nos mines ébahies, avant de disparaître.

Heureux de cette épatante rencontre, nous passons le col et descendons dans une large vallée aux eaux boueuses. Là, le sentier se divise en deux, le chemin principal poursuivant sa route vers le fond de la vallée, tandis qu’un tracé plus discret grimpe à droite vers un col rocailleux. Notre route passe par ce col. Seulement, un panneau situé à la croisée des chemins nous laisse perplexes : celui-ci interdit l’accès au col, sous peine d’une lourde amende, sans autre forme d’explication. Ne souhaitant pas risquer notre réserve de liquide pour les huit prochains jours, nous prenons sagement l’unique itinéraire “officiel”, en espérant ne pas rencontrer ce type de désagrément sur la suite du parcours.


Après une grosse demi-heure, le sentier oblique au sud, nous laissant pour la première fois admirer l’un des sommets de la cordillère Huayhuash. Le Jirishanka culmine à 6094m d’altitude, et même si les nuages en couvrent le sommet, il est impressionnant !

Nous nous acquittons du “droit d’entrée” auprès de l’une des communautés qui “gèrent” le circuit depuis que l’Etat en a abandonné la charge. Et nous comprenons ainsi aisément pourquoi la route alternative est interdite : pas de poste de péage là-bas…Nous marchons vers les glaciers du Jirishanka, passons le campsite de Janca, où les muletiers de Darwin sont déjà en train de monter le camp, et poursuivons une petite heure jusqu’à la lagune de Mitococha.

Là, rattrapés par la fatigue, nous décidons de faire une courte halte sur les hauteurs du lac, pour souffler et se restaurer avant de monter le camp. De notre perchoir, nous entendons les craquements du glacier, ainsi que le chant des couples d’oies andines qui survolent le point d’eau. Nous repérons aussi, de l’autre côté, un mur de pierre à l’abri duquel nous pourrions planter la tente. Retapés par cette pause bienvenue, nous marchons donc vers notre campsite d’élection, et montons notre “tienda de campaña” alors que le ciel, pourtant chargé, semble nous accorder un répit.

J’en profite pour aller chercher de l’eau, tandis qu’Arlette se repose dans son sac de couchage. La corvée d’eau se transforme en exploration des environs. Je me promène d’abord au milieu des méandres des multiples petits ruisseaux qui courent le long de la zone marécageuse entre la lagune et Janca. L’occasion d’observer de très près une triplette de montane caracaras en plein conciliabule. Puis je décide de faire le tour du lac, en suivant des yeux les superbes ibis vertes qui peuplent les rives. Elles les disputent avec d’énormes american coots peu partageurs, qui s’égosillent à la moindre intrusion de leur territoire. Quelques vaches paissent paisiblement dans cet univers que les caprices du ciel rendent tantôt serein, tantôt inquiétant. Je m’acquitte de ma tâche à l’extrémité sud-est de la lagune, là où une petite cascade rejoint les eaux du lac, puis retrouve Arlette au camp.



Il est presque 17h, la lumière est déjà faible et les nuages se font plus menaçants : c’est l’heure du dîner. Les coquillettes à la sauce tomate, dégustées dans un tel décor, ont la saveur si particulière des aventures en montagne. Alors que je retrouve les bords du lac pour faire la vaisselle, la pluie commence à tomber, et plutôt drue. Au pas de course, nous mettons les affaires à l’abri et nous précipitons sous la tente. Il est 18h, pas une si mauvaise heure pour se coucher dans ces contrées, d’autant que la journée a été fatigante. Seulement voilà : il pleut aussi dans la tente. Une rigole se forme sur l’armature, et goutte régulièrement, l’eau passant à travers la moustiquaire pour former une petite flaque mouillant matelas et duvets. Abattu, je peste contre ma jeune tente qui ne devrait pas montrer de tels signes de défaillance. Et puis, la météo promet d’être capricieuse, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer l’aventure avec une maison poreuse…Alors que je pérore contre les éléments, Arlette m’invite gentiment à me ressaisir, afin de trouver une solution. En scrutant le toit trempé de la tente, je crois détecter une anomalie : une pièce de tissu semble coincée entre l’armature et la toile, créant ainsi une surtension qui pourrait expliquer le défaut d’étanchéité à cet endroit précis. Courageuse, Arlette sort affronter la pluie alors que je lui glisse quelques indications. La jeune femme règle le soucis présumé en un tournemain et revient se blottir au chaud. Dans un suspense insoutenable, nous guettons les gouttes, en espérant fermement que notre plan a fonctionné. Au bout d’une dizaine de minutes, et alors que pas la moindre gouttelette n’a pénétré notre antre, nous nous déclarons vainqueurs. Nous disposons à nouveau d’une maison hermétique, pour cette nuit et les prochaines ! Que d’émotions pour cette première journée…Épuisés par ces rebondissements, nous tentons de trouver le sommeil, alors que la pluie tambourine sur la toile.

Jeudi matin, Mitococha. Le réveil sonne à 6h, mais je suis déjà réveillé depuis longtemps. Il va me falloir quelques nuits pour me réhabituer au confort rustique de la tente. La nuit a été bonne : la pluie a cessé après quelques heures, et nous n’avons pas souffert du froid. Nous sommes donc d’attaque pour une nouvelle journée de marche vers l’exceptionnel campsite de Carhuacocha. Sous un ciel toujours nuageux, et dans la fraîcheur matinale, Arlette prépare un petit déjeuner de champions, fait de flocons d’avoine, d’amandes, et de raisins secs. La levée de camp se fait encombre, mais il est déjà 8h lorsque nous nous mettons en route.

Nous avons décidé de rejoindre Carhuacocha par la variante alpine, qui passe par la lagune Alcaycocha. Nous grimpons donc à même le flanc de la montagne qui borde la rive est du Mitococha. Mais, comme souvent, l’application Maps.me me joue des tours, et je réalise bientôt que nous sommes à au moins 200m du sentier. Progressant le long d’étroits « cow paths » sur des pentes humides et abruptes, nous décidons néanmoins de continuer à chercher le chemin. Après de longues et éprouvantes minutes sur notre fil, nous réalisons que le sentier se situe de l’autre côté d’une bande rocheuse infranchissable. Nous reprenons les indications du topo, qui décrit la variante alpine du jour comme « la partie la plus difficile du circuit au niveau de l’orientation », et croyons deviner loin au sud un col vertigineux d’où nous pourrions peut-être retrouver la voie dans la vallée attenante. Mais, nous avons déjà perdu plus de deux heures, et avons dépensé une grande quantité d’énergie, sans parler des nerfs, significativement atteints par cette quête infructueuse d’un chemin que jamais nous ne trouvâmes. Nous décidons sagement de regagner Janca et le sentier principal. Vexés, mais convaincus d’avoir fait le bon choix, nous nous dirigeons vers le campsite traversé hier.

Il est déjà 11h passées lorsque nous entamons, à nouveau, la seconde étape de notre épopée. La route monte doucement entre de petits vallons dont le ciel couvert a changé les tons fauves en vert et brun, jusqu’à un large col.


Perturbé par l’altitude, l’estomac d’Arlette lui rend l’ascension pénible. Quand à moi, la brume qui enveloppe le paysage et la pluie qui recommence à tomber grignotent peu à peu mon moral. La désolation est à son comble lorsque nous atteignons les hauteurs du lac Carhuacocha. Les majestueux sommets de la cordillère Huayhuash, de l’Alcay au Yerupaja, sont perdus dans le brouillard. Mieux, la pluie redouble alors que nous arrivons au camp, sur les bords de la lagune.


En voyant l’un et l’autre la mine déconfite sur le visage de notre vaillant partenaire, Arlette et moi ne pouvons nous empêcher d’éclater de rire. Cette expression commune et joyeuse de toute la frustration emmagasinée depuis le début de la journée est salutaire. Elle remet l’église au milieu du village : nous sommes dans la montagne, et celle-ci n’obéit qu’à ses propres règles. La montagne, on l’aime ou on la quitte. Et nous n’avons aucune intention d’abandonner nos rêves de Huayhuash. Alors nous n’avons plus qu’à espérer l’éclaircie, en buvant un thé chaud qui redonne des couleurs à nos faces fatiguées. Et comme par miracle, la pluie cesse. Les sommets sont toujours emmitouflés dans leur écharpe de brume, mais nous pouvons monter la tente au sec, et c’est déjà pas mal. Le camp installé, nous prenons des nouvelles de la troupe de Darwin. Les quelques mots échangés nous permettent de voir sur leurs visages la joie simple et intense d’être là, et cette lueur magique achève de nous remonter le moral à un niveau vertigineux. De francs rires accompagnent nos pâtes à la sauce tomate, et nous sommes heureux au moment de rentrer sous la tente, lorsque la fraîcheur du soir s’infiltre au milieu de la demi-douzaine de couches de nos accoutrements. Avant de sombrer, apprenant de nos erreurs du jour, nous sortons carte et topos afin de reconnaître minutieusement le parcours du lendemain. Puis nous nous laissons glisser tranquillement vers le sommeil, au pied des monts invisibles…

Vendredi matin, Carhuacocha. La nuit a été rythmée par les flatulences des ânes ayant brouté les environs de notre tente. J’ai peu dormi, mais je me sens néanmoins plein d’énergie pour cette journée, l’une des plus belles du trek selon la police comme les organisateurs. Nous avons un bon pressentiment au moment d’ouvrir la double porte zipée de notre maison de vacances. Mais le spectacle dépasse de très loin nos espoirs…Quelle vue mes amis !

Gorgés d’euphorie, comme pour nous persuader que ce que nous voyons n’est pas que le prolongement de nos rêves, mais un vrai morceau de réalité, nous arpentons les bords du lac dans tous les sens, les yeux plongés dans les sommets éternels de Huayhuash.

S’en suit une incontournable séance photo, partagée avec les frères Darwin, eux aussi sous le charme. Le soleil levant finit par recouvrir tout à fait les montagnes, qui se reflètent parfaitement dans les eaux de la lagune.


Les émotions ressenties devant cette invraisemblable beauté nous ont donné faim, et les flocons d’avoine sont encore meilleurs que la veille. Nous laissons partir nos amis germano-américains, afin de profiter égoïstement du paysage encore quelques instants, puis nous décidons à lever le camp. Le sentier longe les rives du lacs, faisant durer le plaisir.



Puis il tourne vers l’ouest, suivant la chaîne principale de la cordillère. Nous traversons une jolie forêt d’arbustes d’un vert vif, puis arrivons sur la rive nord de la lagune Siulacocha.


De là, un chemin abrupte grimpe vers la lagune Gangrajanca. Nous laissons nos sacs à côté de ceux des Darwin et les rejoignions là-haut. Pour une nouvelle claque. Au pied de rocs abrupts chargés de glace, le lac, presque sirupeux, arbore une teinte irréelle. Mieux, les glaciers grondent et déversent à grand bruit des centaines de litres de glace dans la lagune. Perchés en équilibre sur la fine crête qui contourne le lac, nous sommes aux premières loges pour ce spectacle hors norme.



Nous finissons par nous extraire à ce show de la nature, et redescendons sur les bords du Siulacocha. Là, malgré la fuite du soleil, qui se dissimule derrière d’épais nuages gris, nous décidons de prendre un bain. Enfin Arlette décide de prendre un bain, et je suis bien obligé de la suivre. L’eau est glaciale, mais la toilette vivifiante et nous nous sentons comme neufs au moment d’attaquer la première ascension du jour.

Nous suivons le sentier sur une pente boueuse et escarpée qui domine la rive est du Siulacocha, jusqu’à une petite plateforme aux faux airs de cul-de-sac. Le mirador des tres lagunas nous coupe le souffle. Certes la montée ardue à cette altitude y est pour quelque chose, mais c’est surtout la beauté brute du site qui nous laisse hagards, comme sonnés. Dans les trois lagunes en escalier, aux nuances turquoises changeantes, se reflètent les sommets enneigés de Huayhuash. L’exceptionnel paysage ne laisse pas tout le monde sans voix, puisqu’un petit groupe de touristes locaux s’adonne à une interminable séance photo. Un couple “desigual” multiplie les pauses clichées, duckface, fake kiss, titanic, dirty dancing…tout y passe. Et leur pauvre guide s’exécute sans relâche derrière les smartphones qui défilent, l’air navré mais manifestement habitué à ce drôle de manège. La scène est si grotesque que nous ne pouvons nous empêcher de rire, en attendant que la troupe d’instagrameurs vide les lieux. Lorsqu’enfin ils disparaissent, après un ultime sourire complice de leur sympathique guide, nous profitons de la vue exceptionnelle en toute quiétude, pendant de longues minutes.


Le cul-de-sac n’en est pas un, le sentier oblique à l’est, nous laissons ainsi les trois lagunes et grimpons via une passe étroite jusqu’à un petit plateau marécageux et minéral. Là, nous apercevons le col, où se reposent les frères Darwin, fatigués par les lacets coriaces que nous devinons au milieu d’une pente caillouteuse. Nous les affrontons à notre tour, et nous accordons une pause fromage, alors que nos amis repartent. Le col ouvre le paysage sur deux autres vallées, séparées par une nouveau col, et offre ainsi une prodigieuse vue à 360 degrés. Loin au sud-est, un immense glacier prend le soleil. Le “leon dormido” ressemble bel et bien à un gros chat qui dort…



Nous rejoignions le col suivant, en contrebas, et jetons un coup d’œil au Nord avant de descendre vers la lagune Carnicero, au sud. De drôles de bruits aigus se font entendre. Nous scrutons d’abord le ciel, à la recherche de faucons, mais c’est bien de la terre ferme que proviennent ces étranges sons. Une demi-douzaine de vigognes sauvages gambadent dans la vallée, leur élégante robe fauve se confondant avec le páramo. Une paire de superbes aigles bruns se joint à la fête, comme pour récompenser nos coups d’œil précédents. À cet instant, nous sommes les êtres les plus heureux du monde.



La suite s’avère moins enchanteresse. La descente vers le Carnicero se fait sur un affreux chemin boueux, alors que grêle et pluie s’abattent avec une violence progressive sur nos têtes. Malgré nos résolutions pleines de sagesse de la veille, ma belle humeur s’efface à mesure que l’eau colonise mes vêtements. Et je suis franchement boudeur lorsque nous arrivons (enfin) au camp Huayhuash. Trempés, nous cherchons un toit sous lequel nous abriter. Nous trouvons une vieille remise à l’abri de laquelle nous attendons que la pluie se calme pour, peut-être, monter la tente dans des conditions plus clémentes. Comme souvent, Arlette se moque gentiment de mon air maussade, et je retrouve petit à petit mon optimisme. Nous repérons une grange, et décidons d’en faire notre salon/cuisine américaine pour la soirée. Un autochtone nous invite à quitter notre abri, et nous montons ainsi la tente sous les gouttes, qui néanmoins tombent moins dru qu’à notre arrivée.

La grange sent un peu le cheval, et le vent s’infiltre entre les planches vétustes, mais quelques menus travaux en font une annexe tout à fait agréable. La purée au thon manque un peu de saveur, mais elle est chaude et consistante. Malgré un après-midi compliqué, et nos chaussettes qui ne veulent pas sécher, la journée a été extraordinaire !
Une fois le dîner terminé, nous sprintons jusqu’à la tente, sautons dans nos sacs de couchage, et après une rapide reconnaissance du parcours du lendemain, nous laissons soin à la nuit de réparer les bobos du jour.
A suivre dans un prochain article !