Colorado – Étape 2: Aspen et Snowmass

Lundi matin, Longmont. Nous partons pour Aspen en début de matinée, et je suis impatient de découvrir la perle des Rocheuses. Le ciel est couvert, mais la route est belle, se frayant un chemin à travers les forêts de pins vallonées. Nous faisons halte à Leadville, ancienne ville minière désormais porte des stations de sports d’hiver de la région. La petite ville abrite le renommé Musée de la Mine. Nous pénétrons dans une bâtisse ancienne, pensant trouver là ledit musée. Mais la drôle de conservatrice nous explique que nous sommes au mauvais endroit. Le Musée de la Mine est au bout de la rue, et il faut bien compter trois heures pour le visiter correctement. Ce sera donc pour une prochaine fois. En mal de visiteurs, la dame de Leadville s’accroche à la conversation. Nous apprenons ainsi que la bourgade compte pas moins de sept musées, qu’ils vont bientôt fermer pour la saison, et qu’il nous faut à tout prix éviter le restaurant chinois.

Nous prenons bonne note de ses conseils et nous rendons ainsi pour le déjeuner au Golden Burro, une institution centenaire des environs, où Sylvie a ses habitudes. Tant pis pour les dimsums. Néanmoins, l’auberge a changé de mains, et est devenue un restaurant mexicain végan. Pourquoi pas. Le hamburger veggie ne vaut pas le green pea burger d’Arlette, mais fait parfaitement l’affaire. Repus, nous nous accordons une escale au « general store » de Leadville, sorte de caverne d’Ali Baba version brocante.

Louis La Brocante
The next Wes Anderson

Après cet étonnant voyage dans le temps, entre lettres d’époque et chapeaux de cow-boy, nous pouvons reprendre la route. Les bords de celle-ci se couvrent petit à petit de somptueuses grappes d’aspens jaunes et rouges, qui captent les rares rayons du soleil. Nous atteignons peu après le col de l’indépendance, à presque 4000m d’altitude, et son joli panorama sur les vallées alentours. L’approche d’Aspen est extraordinaire, l’automne sur les trembles offre un véritable festival de couleurs !

Jaune et vert
Independance day
Bojouuuuuuur !
Orages
Barbizon
Salade de saison
La pie qui chante

Nous garons la voiture et nous baladons dans le centre-ville. Les boutiques de luxe se succèdent, hébergées dans de superbes bâtiments de brique rouge. Les passants, peu nombreux en cette « intersaison », promènent leur chiens de race et leurs automobiles racées, sans exhiber le moindre signe extérieur de misère. La station est magnifique, et mérite sa réputation de « ski resort » le plus chic des États-Unis. Nous prenons un verre à l’hôtel Jérôme, assis derrière le bar d’époque. J’écoute Sylvie me raconter sa vie d’avant, et notamment les retrouvailles régulières ici même avec le peuple de l’ombre d’Aspen, prenant du bon temps après une saison chargée à faire tourner la station.

C Jerome

Direction Snowmass à présent, où Sylvie a résidé et travaillé pendant de longues années. Nous faisons un détour émouvant par les collines, où ma tante me montre la « cabin » isolée dans laquelle elle et Arnaud ont passé leur premier hiver ici. Il fait nuit lorsque nous prenons possession de notre chambre au Snowmass Mountain Lodge. L’endroit fleure bon les années 70. Dans la station à demi-endormie, en raison de la saison plus que de l’heure (pas si) tardive, nous trouvons tout de même un restaurant où dîner. Le porc bbq est savoureux, la serveuse sympathique, et la conversation intarissable. Nous finissons tout de même par rentrer nous coucher, et je m’endors sur mon livre, toutes lumières allumées…

Mardi matin, Snowmass. Je me réveille en silence, et prends soin de ne pas réveiller Sylvie alors que je sors de la chambre. L’hôtel est situé juste en bas des pistes. Je m’assois sur la terrasse qui fait face aux télécabines et compose le numéro d’Arlette. La connexion est mauvaise, mais nous parvenons tout de même à bavarder une petite demi-heure. Ces couleurs fabuleuses lui auraient plu, assurément ! À mon retour à la chambre, je toque, sans provoquer la moindre réaction à l’intérieur. Bouchons d’oreilles vissés, fatiguée des heures de route de la veille, Sylvie dort encore…J’intercepte la femme de chambre alors qu’elle passe dans le couloir, et réveille doucement ma tante, quelque peu chafouine de s’être laissée prendre par la grasse matinée. Je la laisse se préparer et me rends au petit déjeuner. Gourmand, je me sers trois beaux pancakes et les déguste arrosés de sirop d’érable. Plus gourmand, un autre client de l’hôtel, grand et enveloppé, se sert lui un impressionnant « stack » d’une bonne douzaine de ces crêpes épaisses. Qu’il fait passer avec un généreux litre de sirop. Bon appétit bien sûr. Sylvie me rejoint, fraîche et dispos, et nous buvons un americano avant de partir en balade.

Country roads, take me home

La première étape de notre sortie en montagne se fait sous les meilleures hospices : le ciel jusque là couvert s’éclaircit, afin de mettre en lumière l’impressionnante palette de verts, jaunes, et rouges des bois environnants. Nous suivons un petit sentier traversant cet univers féerique, jusqu’à un point de vue sur une vallée multicolore. Magique !

Slope
Chemin de traverse
Vallée magique
Palette
Coussin
Manteau

La seconde étape, plus sportive, nous mène via un chemin caché dans une forêt sans pin au sommet d’une colline surplombant Snowmass. Le ciel menaçant donne au paysage une teinte extraordinaire, qui aurait fait pâlir d’envie toute la troupe des impressionnistes ! Jamais je n’avais vu d’aussi spectaculaires couleurs automnales !

Waterproof
La colline rousse
Rouy
« L’automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l’hiver. » G. Sand
Sylvie et Crocodile Dundee
« L’automne est une demeure d’or et de pluie. » J. Chessex

L’appétit creusé par ces émotions, nous déjeunons à l’arrière de la Librairie d’Aspen, échappant de peu aux gouttes de pluie. Sylvie rend ensuite une courte visite à des amis pendant que j’écris, confortablement assis entre les livres. Puis nous prenons le chemin du retour, enchantés de notre séjour ici. Cet endroit est sans nul doute splendide toute l’année, mais je me sens vraiment chanceux d’avoir pu l’admirer aux carrefours de l’été et de l’hiver, lorsque la nature revêt son épatante robe éphémère.

La conversation bat son plein dans la voiture, d’un sujet à l’autre, se renouvelant continuellement malgré les heures nombreuses déjà passées à bavarder. Nous arrivons à la maison en début de soirée, juste à temps pour l’apéro. Nous trinquons à ces deux jours magnifiques, des étoiles rouges et or dans les yeux. La littérature, sujet du soir, occupe la fin du jour, avant que Sylvie n’improvise une leçon de mahjong. Entre rami et tarot, le jeu me séduit instantanément par son esthétique et sa complexité. Je me couche heureux, avec un puissant sentiment de gratitude : ma dernière escale s’avère aussi riche que les précédentes, et c’est un vrai bonheur de la partager avec Sylvie.

Je vous embrasse !

Julien

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